"La modernité, c'est le sujet pris dans l'histoire. L'homme qui naît, qui souffre et qui meurt. Avec ses affections, ses vices, tribu payé au temps et à autrui. Les avatars singuliers d'une disparition, rien de plus. A chacun, comme le souhaitait Henri Michaux, de s'en tenir à son transitoire", écrit Jean-Michel Maulpoix dans La poésie comme l'amour. "Sur la terre, l'homme est en transit. Aussi lui appartient-il d'assurer quantité de transitions, d'être un lieu de passage autant qu'un passager, et parfois de se consoler un peu de sa finitude en permettant au fini de transiter sur le papier vers une apparence d'infini", poursuit-il. (...)
[...] La vérité est alors dénaturée, équivoque, et prend sa forme dans une sorte de réversibilité. De plus, comment évoquer la déconstruction chez Pessoa sans parler du phénomène d'hétéronymie qui dirige l'ensemble de son œuvre. De Caeiro (centré sur l'instant présent) à Campos (le poète du monologue intérieur et du présent intemporel) en passant par Soares ou encore Reis (l'ermite philosophe auteur d'odes), la multiplication des voix (dont nous fouillerons l'origine dans une troisième partie dédiée à une nouvelle définition du poète) met à mort l'image du poète parlant d'une voix unique et stable, portant les stigmates d'un certain égotisme littéraire. [...]
[...] Désir de reconnaissance littéraire, exploration d'une nouvelle création poétique ou encore transgression de certaines normes littéraires leurs ont sans doute donné raison, balayant, d'un revers de main, les critiques qu'ils durent essuyer de leur vivant. [...]
[...] Par quels moyens autant Baudelaire que Pessoa exhibent-ils leur appartenance à la modernité littéraire ? La modernité, c'est le sujet pris dans l'histoire. L'homme qui naît, qui souffre et qui meurt. Avec ses affections, ses vices, tribu payé au temps et à autrui. Les avatars singuliers d'une disparition, rien de plus. A chacun, comme le souhaitait Henri Michaux, de s'en tenir à son transitoire écrit Jean-Michel Maulpoix dans La poésie comme l'amour. Sur la terre, l'homme est en transit. Aussi lui appartient-il d'assurer quantité de transitions, d'être un lieu de passage autant qu'un passager, et parfois de se consoler un peu de sa finitude en permettant au fini de transiter sur le papier vers une apparence d'infini poursuit-il. [...]
[...] Il a beaucoup marché dans les rues, en quête d'impressions et de sensations, piéton de Lisbonne comme Fargue se disait piéton de Paris. Ainsi le poète est-il au cœur de la cité, de la ville. Non plus seul. Chez lui. Mais en relations étroites et directes avec ce qui l'entourent, des personnages humains que ses longues stations dans les cafés lui font rencontrer, ou au contraire face à lui-même, devant la beauté immuable de l'architecture, des monuments ou des bâtisses plus communes. [...]
[...] Le masque littéraire est donc une sorte de nouveauté dont l'innovation est l'illustration de la modernité littéraire. Il est vrai que Pessoa n'est pas le premier auteur à user de ce genre de procédé, mais le polymorphisme de son œuvre, l'abondance qui en émane (près de 27735 manuscrits retrouvés après sa mort) et la création de près d'une cinquante d'hétéronymes forment le point névralgique de son œuvre. Les mots de Pessoa, que l'on peut lire dans son journal : Dans ma famille, personne ne comprend mon état mental non, personne. [...]
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