Parfum exotique est un sonnet qui appartient à la première partie des Fleurs du mal, intitulée Spleen et Idéal. Ce poème en alexandrins évoque un ailleurs chaleureux, provoqué par une sensation olfactive. C'est le premier texte du cycle consacré à Jeanne Duval, une actrice métisse qui incarne la femme sensuelle, et qui fut la maîtresse de l'auteur (...)
[...] Mais l'auteur privilégie dans le texte les nombreuses sensations. Nous avons déjà vu que dans le vers 2 que le poète associe l'odorat et le toucher. De même, dans la dernière strophe, la sensation olfactive suggérée par le parfum est mêl[lée] à une sensation auditive, celle du chant des mariniers Cet aspect est renforcé par une grande musicalité des vers de ce tercet, grâce aux rimes riches, très proches, presque homophones narine mariniers et aux allitérations longues et douces de la nasale Par ailleurs, l'auteur utilise plusieurs fois le verbe voir et la sensation visuelle est accentuée par la reprise en écho dans le second vers du premier tercet de l'expression Je vois toujours en tête de vers, et par tout un lexique qui suggère la lumière ou le mouvement, avec des verbes comme éblouir dérouler ou circuler des adjectifs de couleur comme verts ou encore le champ lexical du corps : yeux sein corps oeil narine et les éléments descriptifs. [...]
[...] D'autre part, il se présente aussi comme un souvenir et une quête de l'idéal. Développement : I Un transport de l'esprit et des sens : Le titre associe une sensation (le nom parfum sans déterminant) à un lieu indéterminé ( l'adjectif épithète exotique Mais il indique aussi une réalité, un moment vécu, comme en témoignent l'emploi du present dès le second vers et le repère temporel du premier : un soir chaud d'automne, Le vers deux précise cette sensation : Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Cet alexandrin très rythmé, tétramètre semble prolonger cette fragrance grâce aux allitérations en et aux assonances en [oe]. [...]
[...] Les sonorités sont donc très nombreuses, car on retrouve cette même allitération dans le dernier vers, et aussi de nombreuses liquides, le dans tout le texte, le par exemple dans le vers 13 : Qui circule dans l'air et m'enfle la narine sonorités qui traduisent un apaisement et une certaine sensualité. Ce poème peut enfin apparaître comme un hommage à l'amante autant que comme un moment d'extase, mais il traduit aussi un souvenir lointain, et peut-être une certaine nostalgie. Mais la fluidité de celui-ci et son contenu charment. [...]
[...] Enfin par ses plantes, ses fruits, cette île et ces rivages la terre est aussi présente, mais les deux derniers vers, en associant terre et eau, suggèrent à la fois un isolement, une intimité, caractéristiques dans l'oeuvre, et aussi peut-être l'idée d'un voyage toujours possible. La nature est donc en harmonie avec les humains, comme le montre l'anaphore des vers 6 à 8 : Des arbres ( . Des hommes ( . Et des femmes . Le parallèlisme des vers 7 et 8 insiste sur la communion entre les deux sexes tandis que l'expression dont l'oeil par sa franchise étonne renvoie sans doute au jardin d'Eden. [...]
[...] L'inspiration baudelairienne se nourrit ainsi de tout ce qui peut susciter son imagination, en particulier une sensation olfactive ici, liée à beaucoup d'autres. Mais la muse qui dans ce texte est à l'origine de ces sentiments positifs n'incarne pas autre chose, sinon cette sensualité et cette innocence, rares chez ce poète. C'est cette impression que l'on retrouve dans L'invitation au voyage poème qui appartient au cycle de Marie Daubrun, une autre actrice qui fut également la maîtresse de Th. de Banville. [...]
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