Nous verrons comment tout au long du poème le rêve s'installe dans l'esprit du poète. Le premier quatrain nous livre quelles sont les circonstances propices au rêve ; les trois autres strophes sont une promenade sensuelle au milieu d'un paysage exotique ...
[...] Le dernier vers complète les correspondances : avec le mot âme nous atteignons le monde spirituel, les correspondances verticales On comprend que le poète ne se contente pas d'un bien-être sensuel et qu'il veut atteindre le bonheur grâce à l'harmonie des sens et de l'esprit. Cette unité de tout son être est visible dans la structure syntaxique du poème qui n'est constitué que d'une seule phrase. Ce poème permet à Baudelaire de livrer toutes ses aspirations. La première est sans doute celle d'une présence féminine à ses côtés pour lui permettre de s'abstraire du monde mesquin où il se sent prisonnier tel l'albatros capturé par les marins. [...]
[...] Le deuxième hémistiche nous livre la source de cette odeur : le mot sein introduit une nouvelle composante des circonstances qui installent le rêve : il s'agit d'une femme. On peut y voir à la fois un fantasme amoureux et une vision maternelle, peut-être inspirée au poète par des peintures religieuses sur le thème de la vierge à l'enfant tant il est vrai que la peinture nourrit l'inspiration poétique de Baudelaire. Le troisième vers amène la proposition principale . Cette rupture syntaxique est logique : il faut parler d'abord du cadre et mettre ensuite l'accent sur le vrai sujet du poème, le rêve. [...]
[...] «Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques Ensuite,l'image de l'île, son éloignement puisqu'il s'agit d'une région exotique traduisent sa lassitude du monde où il vit. Enfin l'harmonie qui règne entre son corps et son mental représente un état bien éloigné du spleen dont il parle à plusieurs reprises dans son recueil : dans ce vers Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle on perçoit l'enfermement pathogène ; ici, au contraire le poète semble s'envoler par delà les mers. [...]
[...] Mais même au-delà de ces rivages, le monde semble parfait : le singulier de la vague évoque une mer sans tempête. Les sensations se correspondent presque simultanément : on passe vite de la vue à une sensation olfactive. Cela se réalise par l'enchaînement direct des deux tercets qui ne sont séparés que par un point-virgule et est renforcé par le connecteur temporel pendant que Au début du sonnet, on partait d'une sensation olfactive qui surgissait sans que rien ne soit visible ; elle engendrait une sensation visible. [...]
[...] On peut donc parler des correspondances telles que Baudelaire nous les a présentées dans le sonnet qui porte ce titre. C'est un lien entre nos sens, les correspondances horizontales, que l'on appelle aussi synesthésie. Le rêve ne peut être total que quand tous les sens se mettent à communiquer . Des termes forts permettent d'identifier les éléments qui peuplent ce rêve : rivages, heureux, soleil Le premier de ces termes évoque un paysage marin et les mots du champ lexical de la chaleur outre qu'ils reprennent l'atmosphère mise en place au premier vers suggère un pays exotique comme l'annonçait le titre. [...]
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