Le titre évoque une "invitation" adressée à une "enfant-soeur" », donc une volonté, un désir de "voyage" avec elle. Ce souhait est renforcé par l'utilisation du mode impératif dans la première strophe, "songe", dans la dernière, "vois", et par l'emploi du conditionnel dans la seconde avec les verbes "décoreraient" et "parlerait". Cette seconde strophe n'utilise pas d'autres modes. Mais l'indicatif est également présent et décrit ainsi une réalité concrète (...)
[...] qui semble prolonger le temps, de la beauté originelle, sa douce langue natale de la totalité, car tous les éléments, le feu (lumière et soleils l'eau mouillés la terre les champs et l'air (suggéré par les odeurs) sont présents, de la résolution des contraires avec le vers Aimer et mourir La vitalité du désir est aussi rendue par l'importance des sensations, en particulier les sensations olfactives, notamment dans la seconde strphe, avec les termes fleurs odeurs senteurs et ambre dont les douces sonorités semblent prolonger les fragrances. Les sensations visuelles sont encore plus nombreuses, ce qui paraît logique pour l'évocation d'un voyage, et pour la description. Il y a dans le texte un aspect contemplatif, qui touche à la fois le réel et le spirituel : vois et songe pour les verbes, meubles miroirs profonds et mon esprit l'âme pour les groupes nominaux, Là et là-bas pour les adverbes. [...]
[...] Les trois strophes sont suivies d'un refrain, posé et solennel, comme le montre la nombreuse ponctuation interne. Tous les vers sont des vers impairs, heptasyllabes et pentasyllabes, annonçant l'esthétique verlainienne : De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'impair Les strophes de douze vers sont toutes composées de la même manière, un heptasyllabe puis deux pentasyllabes et ainsi de suite, tandis que le refrain est composé de deux heptasyllabes à rimes plates. La disposition des rimes est la même également pour toutes les strophes, deux rimes plates puis quatre rimes embrassées, et à nouveau deux rimes plates puis quatre rimes embrassées. [...]
[...] L'Invitation au voyage de Charles Baudelaire Les Fleurs du mal Intro : présentation de l'auteur et de l'œuvre. Présentation du texte à étudier : Ce poème très original est composé de 3 strophes similaires, hétérométriques, qui forment un triptyque, et qui sont suivies par un refrain. La première et la dernière évoquent un lieu exotique, un voyage la strophe centrale un intérieur, une invitation Le texte exprime un désir d'ailleurs avec une compagne. Problématique : Ce poème envoûtant par son originalité, ses rythmes et sa musicalité semble proposer une définition de l'idéal baudelairien. [...]
[...] Cet éloge et cette offrande vont bien au- delà d'une invitation II L'idéal baudelairien : Cet idéal se traduit d'abord par la quiétude et le bien être, comme le souligne l'adjectif calme et ce bonheur à deux. Dans tout le texte en effet, les marques de l'énonciation qui renvoient au poète et à sa muse sont variées et nombreuses. Ce sont le plus souvent des adjectifs possessifs, mon ma vers tes vers 11, ton »,vers 33, qui désignent l'amante, mon vers qui désigne le poète. Certains renvoient au couple, comme notre au vers 17. [...]
[...] Charles Baudelaire, 1821-1867, Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal LIII L'INVITATION AU VOYAGE Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traitres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale. [...]
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