L'invitation au voyage est extrait de Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, de la section "Spleen et Idéal" qui propose une alternance entre euphorie et morose (spleen). C'est un poème calme et harmonieux auquel sa longueur donne une stabilité rassurante. Il est inspiré de Marie Daubrun, jeune actrice qu'il connu en 1856, c'est elle qui est évoquée à travers les "mystérieux yeux".
Le poème est composé de 3 strophes de 12 vers chacun avec un refrain distique avec alternance de rimes plates et embrassées. Nous allons démontrer que la femme est une invitation au voyage car elle permet au poète d'imaginer un lieu magique, un paradis où tous les sens sont en éveil (...)
[...] Conclusion : Dans ce poème, Baudelaire se souvient peut-être de son voyage sur l'île Maurice, mais c'est surtout un voyage intérieur qu'il décrit. Cette description réalise visiblement un rêve cher à Baudelaire qui est la rencontre d'une femme et d'un lieu idéal. Le but ici est atteint grâce à un jeu de correspondance femme-paysage, mais aussi une correspondance des arts (la dimension picturale du poème) et musicale (propre à la poésie et accentuée avec le refrain). Mais il semblerait que, malheureusement, ce voyage ne peut répondre pleinement aux désirs du poète qu'à travers le virtuel et l'imaginaire. [...]
[...] Ces images sont raffinée par le luxe au refrain, les plus rares fleurs au vers 18 qui se démultiplient et se mêlent les uns aux autres. Pour la vue, une grande importance est accordée à la lumière, aux tonalités chaudes, dorées, brillantes : v.7 soleil mouillé v.15 les meubles luisants v.22 les miroirs v.35 soleil couchant v.38 d'hyacinthe et or d'or v.40 chaude lumière Nous avons aussi, toujours dans le cadre de la vue, une composition picturale : chaque strophe peut se lire comme un petit tableau : Strophe 1 : paysage voilé Strophe 2 : Intérieur luxueux Strophe 3 : Ville au soleil couchant Il y a ici une influence de la peinture hollandaise du XVIIe siècle et des marines concernant la natures (Baudelaire était critique d'art et a publié plusieurs salon). [...]
[...] On note aussi la présence d'un paysage campagnard avec les champs v.36, une évocation des fleurs v.18 et surtout une référence à l'orient qui est très claire au vers 23 mais qui peut aussi se retrouver aux vers 20 vagues senteurs de l'ambre et 34 bout du monde qui rime avec vagabonde marquant donc un retour aux sources de la civilisation, le point vers lequel tout converge et qui est vite confirmé par la rime orientale / natale vers 23/26 (rime qui, par ailleurs, n'est pas très original au XIXe siècle). Deuxième élément de cet exotisme, le jeu entre le clos et l'ouvert avec des allers-retours entre intérieur et extérieur. Ce voyage se déroule sur un espace fermée, le regard de la femme en strophe une chambre à la deuxième strophe et, en général dans tout le poème, l'esprit du poète ; mais à chaque fois, l'espace paraît s'ouvrir et s'agrandir. A la première strophe, le regard de la femme oriente vers le ciel et à l'évocation du paysage hollandais. [...]
[...] Ce qui fait le charme et le mystère de cette femme c'est aussi sa capacité à réunir le contraire : au vers 2 elle incite à la douceur mais en même temps elle peut être 'dangereuse' comme au vers 11 tes traîtres yeux Visiblement, le poète est littéralement fasciné de ces charmes (du latin Carmen, envoutement). L'envoutement des sens Dans l'ensemble du poème, deux sens sont mis clairement en avant : l'odorat et la vue. Ces sensations se caractérise par leur richesse avec de nombreux pluriels (exemple, vers 19 et 20 leurs odeurs / aux vagues senteurs les riches plafonds v.21, les miroirs profonds v.22). [...]
[...] Si le thème du voyage est cher à Baudelaire et se retrouve plusieurs fois dans son œuvre, force est de constater qu'il s'agit presque toujours d'un voyage imaginaire avec un dépaysement qui s'appuie rarement sur un déploiement géographique réel. [...]
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