Oeuvre incontournable de l'histoire de la poésie française, le recueil Les Fleurs du Mal, publié en juin 1857, et composé d'une centaine de poèmes, constitue la quasi-totalité de l'oeuvre Baudelairienne.
Extrait de Spleen et Idéal, première des six sections du recueil, L'invitation au voyage est directement inspirée de Marie Daubrun, l'une des trois femmes ayant marqué la vie amoureuse du poète (...)
[...] C'est un idéal de vie sensuelle, raffinée décrit ici. Dans ce monde clos, hors du temps et de l'espace, les amants pourront s'aimer à loisir s'aimer et mourir Ce monde dépeint par Baudelaire apparaît comme un abri, un refuge, une protection contre les dangers, les heurts de la réalité. Il existe une correspondance entre le poète et le lieu. C'est en fait un retour à la pureté originelle, à l'espace de la vie antérieure proposé ici. Tout y parlerait à l'âme en secret sa douce langue natale L'âme, celle du poète, se reconnaît dans cet univers et s'y épanouit. [...]
[...] Ce voyage de l'esprit rêvé par le poète est en fait une quête spirituelle, celle d'un art de vivre dans lequel les sens importent, autant que l'esthétique. L'imagination se fait alors seul guide d'un tel voyage, renfermant sans doute plus de richesses et de pouvoir qu'un déplacement limité dans le temps et dans l'espace. L'invitation au voyage véritable chef-d'œuvre, a fait l'objet de nombreuses adaptations musicales, dont, parmi les plus intéressantes, celle du célèbre compositeur Henri Duparc, d'une grâce inouïe, à l'image du poème. [...]
[...] La berceuse s'achève sur le sommeil, probablement celui du couple. Cette fin de poème apparaît comme une conclusion, le but du voyage. Ce poème est, nous l'avons vu, une invitation au voyage, un appel à la beauté, une aspiration au bonheur, adressé à Marie Daubrun, dont la présence est nécessaire à l'imagination de ce monde. Le poète, dans son projet de voyage, accorde peu d'importance au déplacement géographique. C'est d'ailleurs, plus qu'un voyage, une promesse de départ, une invitation. L'idée de voyage prime sur sa réalisation. [...]
[...] Comme l'indique le titre du poème, c'est une invitation que propose l'auteur, la promesse d'un départ, d'un voyage. Notons la banalisation du thème du voyage au XIXe siècle, par les phénomènes de l'émigration et de l'expansion coloniale, mais également grâce aux progrès techniques, favorisant la mobilité humaine. C'est justement à cette banalité qu'échappe Baudelaire, en cela que son voyage est bien différent de celui dont nous parlons, puisqu'il est imaginaire. C'est un voyage de l'esprit évoqué ici, une quête du bonheur, un rêve dont seule l'âme est capable. Baudelaire lui-même a peu voyagé. [...]
[...] La première étape de ce voyage est, comme nous l'avons dit, l'invitation en elle-même, le projet de voyage. Le terme d' invitation implique par son sens un émetteur et un récepteur. La présence de l'énonciateur, c'est-à-dire le poète, est clairement identifiable, par les adjectifs possessifs mon et ma récurrents dans le texte. Celle du destinataire, Marie Daubrun, est également décelable par les adjectifs possessifs te et tes Baudelaire lui-même s'adresse à son amante, et l'invite à se représenter ce lieu ou ils vivraient. [...]
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