Une beauté allégorique :
La beauté, qui est le titre du recueil, est un concept abstrait. Mais elle apparaît ici sous une forme originale. L'adjectif "belle" est utilisé deux fois au début et à la fin du poème, et bien qu'il qualifie une femme ? un champ lexical renvoie au corps de celle-ci : "sein", "yeux", "coeur" - , cette dernière est décrite sous une forme hiératique, comme le montrent l'hyperbole et la comparaison du vers 5 (...)
[...] S'il souligne la difficulté à atteindre ce but, la charge qu'il représente, on peut néanmoins penser que cette conception élitiste traduit aussi un certain orgueil. Cependant, Baudelaire a conscience qu'il touche là à un aspect fondamental de la création poétique, aussi bien le processus de l'inspiration que la difficulté à le traduire dans un style unique. Baudelaire abordera plusieurs fois ce thème dans son recueil, notamment dans Le Guignon pièce XI du même recueil, ou encore dans Le Confiteor de l'artiste tiré des Petits Poèmes en prose. [...]
[...] Beauté de Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal (1857) Intro : présentation de l'auteur et de l'oeuvre :Charles Baudelaire (1821- 1867) est un poète postromantique considéré comme l'initiateur de la modernité par l'audace de ses images, son goût de la contradiction et l'originalité de son oeuvre. Les Fleurs du mal, son recueil de poèmes en vers, fut mal compris lors de sa parution en 1857 et lui valut même un procès. Il est aujourd'hui considéré comme un chef d'oeuvre incontournable dans l'évolution de la poésie. [...]
[...] C'est aussi un homme qui souffre et qui travaille avec acharnement : d'austères études dans le but d'approcher cette beauté de faire perdurer cette esthétique, son art, donc l'oeuvre. Le pluriel du groupe nominal leurs jours souligne le caractère harassant de cette recherche. Le poète y consacre sa vie, puis s'efface au profit de l'oeuvre aux clartés éternelles La blancheur des cygnes peut également faire penser à la blancheur des signes et donc à la difficulté de remplir la page. Le Cygne symbolise aussi le poète inspiré et la mort amoureuse. Ce sonnet refuse donc tout lyrisme pour insister sur la forme, la musicalité et l'esthétique du poème. [...]
[...] L'adjectif muet dans le quatrième vers, renforce cette analogie. La très belle comparaison enrichie d'un oxymore du premier vers, comme un rêve de pierre réunit contradictoirement le spirituel et le matériel pour faire comprendre qu'elle est avant tout oeuvre d'art. C'est donc l'esthétique que le poète peint. Elle est aussi muse puisqu'elle inspir(e) et fascin(e) suscite un amour Elle est déesse, ( vers et éternelle Cet adjectif apparaît également deux fois dans le sonnet, au début et à la fin et c'est le dernier mot du texte. [...]
[...] Tous ces procédés sont donc là pour affirmer sa permanence, son intemporalité, et cette incompatibilité du sensible et du permanent. Cependant son attitude trouble par sa solennité qui se manifeste avec évidence dès le premier vers, d'abord par l'utilisation initiale du pronom personnel de première personne, l'apostrophe exclamative aux mortels et par le rythme très posé du vers : un tétramètre dont les accents ponctuent une assonance en ouvert). Le second vers est également un tétramètre : cette femme et imposante et s'impose. [...]
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