Le mot "vieille" est plusieurs fois répété (quatre fois), c'est un effet de redondance. L'article défini (la vieille) renforce son caractère exemplaire. Elle n'est pas un individu mais un archétype.
Baudelaire insiste d'ailleurs bien plus sur son âge que sur le sexe. Quels mots utilise-t-il pour la décrire ? Le mot "vieille", l'expression "cette bonne femme", plutôt valorisante ; des adjectifs, à la connotation dépréciative, évoquant son physique (...)
[...] La réalité y est montrée nue et terrible. Quand Baudelaire a écrit les poèmes en prose, il se trouve à Bruxelles où, usé par la drogue et par l'alcool, il voit encore devant lui se fermer toutes les portes. Fatigué de lutter pour une vie qu'il n'aime pas, il trouve dans ce poème, grâce à une prose poétique, le pouvoir d'analyser ses états d'âme. En effet, le poète ne se sent-il pas, comme la vieille, rejeté ? [...]
[...] Le poète évoque aussi les autres (les adultes : chacun ; tout le monde (ce qui semble nous inclure en tant que lecteur) veut lui faire fête et voulait plaire Avec lâcheté, on flatte ce qui semble être joli Actions et sentiments de la vieille Si son corps est délabré, si elle est ratatinée son âme ne l'est pas. Les mots utilisés sont valorisants : elle est réjouie d'abord ; elle veut s'approcher de l'enfant. Elle essaie de se mettre à sa portée, d'où le vocabulaire : risettes caresses mines agréables Mais le contact est désastreux : elle se retira et pleurait ; le sens figuré se retira se mêle au mot concret dans un coin et renforce l'expression, la force de la scène. La solitude éternelle semble être le destin de la vieille, inévitable et naturel. [...]
[...] comme si le dénouement était inévitable ; c'est un raisonnement quasi mathématique. Cette structure en trois temps (présentation/réaction de l'enfant/retrait de la vieille) renforce le sens. Conclusion Ce poème en prose est avant tout un texte illustrant un thème cher à Baudelaire : celui de la non-communication ici entre les deux âges extrêmes de l'humanité. C'est un texte poétique, cruel et plein de compassion, pour cet être à part : le vieux. Mais Baudelaire refuse l'apitoiement habituel sur l'enfant et le vieillard. [...]
[...] Baudelaire insiste d'ailleurs bien plus sur son âge que sur le sexe. Quels mots utilise-t-il pour la décrire ? Le mot vieille l'expression cette bonne femme plutôt valorisante ; des adjectifs, à la connotation dépréciative, évoquant son physique, son attitude générale : petite ratatinée fragile décrépite - tous ces termes traduisant les ravages exercés par le Temps, jamais nommé, toujours présent. Autre méfait du temps : sans dents et sans cheveux On peut aussi noter l'expression péjorative malheureuses vieilles femelles avec femelle qui renvoie davantage à l'animalité qu'à l'humanité. [...]
[...] Baudelaire Le Désespoir de la Vieille Introduction La vieillesse, avec ses drames, sa solitude, est un sujet rarement abordé par la poésie traditionnelle. Celle-ci se tourne plutôt vers la beauté classique l'épanouissement de la maturité physique ; elle préfère les hommes et les femmes en bonne santé, sur le malheur desquels, le lecteur, peut-être, s'apitoiera davantage. Ce n'est pas une des moindre originalités de Baudelaire de s'intéresser aux exclus, aux marginaux, aux oubliés de la vie : pauvres et miséreux en tout genre, comme les Petites Vieilles des Fleurs du Mal ou ce Désespoir de la Vieille publié dans le Spleen de Paris. [...]
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