Une ponctuation traduisant l'enthousiasme et la passion de Baudelaire : abondance de points d'exclamation, louanges ("Ô boucles !"). La syntaxe traduit également cet état d'amour fou et irraisonné : beaucoup de phrases sont de simples exclamations, descriptives, sans verbe conjugué ("des souvenirs dormant dans cette chevelure") (...)
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal Second texte : Un hémisphère dans une chevelure Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. [...]
[...] La puissance évocatrice de cette femme par sa chevelure est intemporelle, éternelle, c'est une source inépuisable d'inspiration. - L'invasion sensuelle : la chevelure de cette femme mobilise tous les sens de l'auteur parfum ardeur des climats houle le son et la couleur Abondance d'adjectifs, de descriptions, de sensations, d'images B. La chevelure de l'aimée, médium du rêve - La chevelure prend diverses formes : un mouton un mouchoir une forêt mais surtout la mer voguent nage la houle qui m'enlève mer d'ébène de voiles, de rameurs, de flammes et de mâts figure féminine, maternelle, mais aussi dangereuse car on peut s'y noyer. [...]
[...] Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m'enivre ardemment des senteurs confondues De l'huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! [...]
[...] Le ton est beaucoup plus mélancolique et tourné vers le passé chants mélancoliques Conclusion : Il est perceptible dans la réécriture de la chevelure que l'auteur a pris de la distance avec ses élans passionnés et lyriques de sa jeunesse. Le ton est bien plus posé, mûr, réfléchi, contrôlé. L'auteur contemple ses souvenirs avec nostalgie, mélancolie, spleen. [...]
[...] Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. Baudelaire, Le Spleen de Paris Analyse : Un cri d'amour impulsif et passionnel A. L'amoureux sensuel et entier - Une ponctuation traduisant l'enthousiasme et la passion de Baudelaire : abondance de points d'exclamation, louanges Ô boucles ! [...]
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