Poète majeur du XIXème siècle, Charles Baudelaire est l'auteur du recueil Les Fleurs du Mal (publié en 1857) dans lequel il exprime une vision personnelle d'un monde déchiré entre "Spleen"» (angoisses existentielles qui minent, pèsent, rabaissent l'âme humaine) et "Idéal" (ivresses, aspirations qui élèvent vers le Beau, la légèreté, la création, l'amour...).
L'Albatros est précisément un des grands poèmes de Baudelaire tiré de la seconde partie du recueil intitulé Spleen et Idéal. En quatre quatrains composés en alexandrins, Baudelaire s'empare de l'image de l'albatros capturé par les marins pour traduire toute sa sensibilité à l'égard de la réalité angoissante et de la condition difficile du poète (...)
[...] Pour Baudelaire ; l'artiste ne se sent pas à sa place en société : il y est inadapté, asocial, maladroit comme l'albatros dont les ailes de géant l'empêchent de marcher. Le poète est en quête d'Absolu et du Beau : Il s'arrache au Spleen, à tout ce qui plombe et rabaisse : c'est le voyageur qui habite les nuées (le ciel de l'Idéal) ; un roi de l'azur donc des immensités qui sont celles des rêves, de la création, du Beau. [...]
[...] Une scène pathétique : Baudelaire met en place un texte qui de prime abord souligne le triste sort de l'albatros face à la cruauté gratuite des marins. L'albatros : l'oiseau de la déchéance et du ridicule _ L'oiseau est particulièrement décrit à travers une utilisation répétée des antithèses afin de souligner son déclin, la perte de sa grâce, de son prestige : ce voyageur ailé est gauche avec ses ailes qu'il traine comme des avirons c'est à dire des excroissances devenues inutiles et encombrantes ; il est si beau dans les airs mais à présent laid ; de la famille des rois de l'azur , l'adverbe piteusement le qualifie désormais. [...]
[...] Transition : A partir de ce dualisme Spleen/ Idéal ; Baudelaire mène à une expression de sa vision personnelle de la condition du poète . III ) Une expression de la vision de la condition du poète : La figure de l'albatros est un aveu plus intime de Baudelaire qui rend ainsi compte de son propre vécu de poète incompris et solitaire, quêteur d'absolu mais ayant l'orgueil de sa noblesse et de son pouvoir. La quatrième strophe apporte toute cette dimension au poème. [...]
[...] Par ailleurs, on retiendra un souci de délivrer un message plus universel qui tient à sa vision d'un monde définitivement écartelé entre Spleen et Idéal. Tout en ne se voilant pas la face sur les souffrances du poète, Baudelaire revendique avec un certain orgueil ses propres pouvoirs qu'il semble considérer comme une garantie éternelle d'échapper aux flèches les plus acérés du quotidien. Comme le suggère le titre de son recueil ; les fleurs de la Beauté continuent de s'épanouir . même sur la terre du Mal! [...]
[...] Ceci tend à faire du comportement des marins une attitude universelle. _ L'acte des marins est détaillé comme vulgaire et cruel par contraste avec la noblesse souillée et impuissante de l'albatros : le brûle-gueule est un vocabulaire quasi argotique qui renforce la violence grossière du geste des hommes ; l'absence de sensibilité est tout particulièrement marquée par le fait que les marins se montrent capables de mimer l'infirmité de l'oiseau (vers 12) On note d'ailleurs que ce vers est construit de façon à isoler et mettre en valeur en boitant Transition : Ces marins sont donc sans pitié ; ce qui par résonance fait de l'opposition Hommes/ Albatros une bonne illustration du dualisme baudelairien Spleen/ Idéal . [...]
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