Ce texte appartient à la partie <em>Tableaux Parisiens</em>, dans Les Fleurs du Mal (1857). Ce sonnet en alexandrins met en scène une rencontre, peut-être réelle, dans la rue parisienne. Elle devient une allégorie de la rencontre impossible, manquée. En effet, cette femme n'est qu'une « <em>passante</em> » que le poète aperçoit le « <em>temps d'un éclair</em> » ; il fixe sur elle des aspirations (v.8) qui ne trouveront aucune réalisation. Baudelaire est un poète symboliste : il extrait de la réalité un symbole de l'Homme.
Les deux quatrains décrivent la rencontre, puis les deux tercets en montrent l'échec et tirent un sens de cette rencontre (...)
[...] I La vision de la femme Le décor, le contexte Le v.1 est isolé car il est une phrase, et se termine donc par un point. Il est consacré au décor, et indique la solitude du personnage autour de moi au milieu de la rumeur hostile de la rue : assourdissante, hurlait assonances en heurts des hiatus : rue assourdissante moi hurlait Cette personnification de la rue au rythme heurté est en opposition avec le reste du poème. L'apparition de la femme Dans les v.2 à le rythme change complètement : une phrase très longue se déroule, jusque sur le quatrain suivant, ce qui valorise l'apparition de cette femme, et lui donne un caractère de lenteur, d'harmonie, d'ampleur. [...]
[...] Il en garde un amer savoir c'est-à-dire celui qu'il ne trouvera pas dans la réalité l'ailleurs auquel il aspire. Il consacre sa vie au travail poétique, et rencontre la réprobation sociale avec la condamnation pour immoralité et outrage aux bonnes mœurs en 1857 de son recueil Les Fleurs du Mal. Ce titre est antithétique : Baudelaire a voulu tirer du mal (la douleur physique, morale, sociale, celle du péché de la misérable réalité, de la Beauté : il opère une transformation presque alchimique (et à ce propos, il écrira, en s'adressant à Paris et au monde : tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or Autre œuvre : Le Spleen de Paris (petits poèmes en prose posthumes) dont la thématique est le spleen (l'humeur noire, la mélancolie, l'ennui, le dégoût de vivre, la dépression ) et l'idéal. [...]
[...] Ce sonnet en alexandrins met en scène une rencontre, peut- être réelle, dans la rue parisienne. Elle devient une allégorie de la rencontre impossible, manquée. En effet, cette femme n'est qu'une passante que le poète aperçoit le temps d'un éclair ; il fixe sur elle des aspirations (v.8) qui ne trouveront aucune réalisation. Baudelaire est un poète symboliste : il extrait de la réalité un symbole de l'Homme. Les deux quatrains décrivent la rencontre, puis les deux tercets en montrent l'échec et tirent un sens de cette rencontre. [...]
[...] Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal (1857), À une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair . puis la nuit ! Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? [...]
[...] La réaction du poète On ressent une immobilité crispée dans son attitude face à ce mouvement harmonieux de la femme. Le Moi v.6 marque une rupture d'opposition ; de même, les sons de ce vers s'opposent à ceux d'avant. Le terme extravagant indique la folie du personnage, du poète figé, comme la bizarrerie de la tournure buvais dans son œil : le poète ressent une soif, il est avide de cette femme, et la femme semble posséder en son œil une puissance immense, puisqu'il y a une opposition entre l'œil, petit organe, et l'immensité de ce qu'il contient : ciel livide où germe l'ouragan avec l'idée de violence contenue, de danger, de menace, de douceur qui fascine et de plaisir qui tue qui peut faire penser à la drogue, à l'ambivalence vie-mort, plaisir-douleur. [...]
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