On a souvent vu dans le poème A une Madone un cri de vengeance du poète contre Marie Daubrun. Dans ce qui semble être d'abord une glorification de la femme aimée, le poète distille un désir de possession de cette dernière, jusqu'à la destruction. Par la violence et l'ambivalence du poème les attentes du lecteur en matière de poésie amoureuse sont déjouées avec une certaine délectation de la part du poète (...)
[...] Elle est un simulacre crée par le poète qui en la parant cherche à l'enfermer et à assouvir son désir de possession. La jalousie est un thème récurrent de la poésie amoureuse, cause de souffrances. L'insuffisance de l'enfermement physique ou moral peut expliquer la mise à mort comme ultime recours.// III. L'immolation de l'idole. La femme martyre mise à mort, apothéose morbide L'enfermement ultime : la mise à mort Le meurtre de la femme est présenté par le poète comme le point final à la métamorphose. Il complète le rôle de Marie que le poète fait jouer à la femme. [...]
[...] C'est peut-être l'expression d'une ironie de la part de Baudelaire ; il a construit par la poésie, un simulacre de Madone qu'il peut aussi bien détruire. La surprise qu'il en résulte chez le lecteur est bien la preuve de cette toute- puissance du poète Eros et Thanatos : mêler l'amour avec la barbarie : nouvelle esthétique baudelairienne. Déjouer les attentes du lecteur, provoquer l'horreur, la surprise, faire jaillir le Beau là où l'on ne l'attend pas, tel est le projet des Fleurs du mal. [...]
[...] La métamorphose des attributs du poète permet l'édification de cette femme-idole dont le poème est à la gloire. La détresse du poète devient un autel souterrain Son Désir frémissant fait à la femme une Robe son Respect de beaux souliers de satin . Tout ce qui appartient au poète subit une transfiguration pour venir vêtir la femme et composer son autel. Les attributs du poète acquièrent une matérialité précieuse dès qu'ils sont offerts à la femme objet de vénération. La dévotion devient totale lorsque le poète écrit Et comme tout en moi te chérit et t'admire / Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe. [...]
[...] En édifiant cette icône le poète manifeste son désir de possession jusqu'à la destruction dans laquelle il éprouve une certaine jouissance comme la consécration de l'enfermement de la femme aimée. Mais l'on y sent aussi l'avènement d'une nouvelle esthétique, propre à Baudelaire, où l'amour se mêle à la barbarie et qui fait jaillir une beauté insolite qui provoque une surprise et un enchantement mêlé d'horreur chez le lecteur. [...]
[...] Les vers et 18 peuvent être une évocation de l'amour physique partagé avec la femme. C'est donc une vierge équivoque qui nous est présenté ici et dont la pureté est à mettre en doute. Le culte du poète à son égard n'est pas dénué de tout rapport au corps comme on pourrait s'y attendre Une divinité mortelle En outre, si la femme est divinisée ; tes pieds divins elle est cependant présentée comme mortelle : ô mortelle Madone L'association peut sembler oxymorique et présente bien la fragilité de la figure édifiée par le poète. [...]
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