Dans la description de Flaubert, il est possible de voir dans la notation du piano un indice du standing bourgeois de la propriétaire et dans les cartons un signe de désordre et comme de déshérence, propres à connoter l'atmosphère de la maison (...)
[...] Description flaubertienne: l'exactitude du référent commande de le décrire et de le dénoter. la fonction esthétique, en donnant un sens aux morceaux, arrête le vertige de la notation et en posant le référent pour réel, en feignant de le suivre d'une façon esclave, la description réaliste évite de se laisser entraîner dans une activité fantasmagorique. alors que la rhétorique classique avait institutionnalisé le fantasme sous le nom d'hypotypose, et non de façon neutre, constative, mais en laissant à la représentation tout l'éclat du désir ; le réalisme doit chercher une nouvelle raison de décrire. [...]
[...] La description apparaît comme un langage supérieur : elle est justifiée par aucune finalité d'action ou de communication. La singularité de la description («détail inutile») dans le tissu narratif, sa solitude, posent problème : tout dans le récit est-il signifiant, et sinon, s'il subsiste dans le syntagme narratif quelques plages insignifiantes, quelle est en définitive la signification de cette insignifiance ? Barthes rappelle toutefois que la culture occidentale a donné une finalité à la description, celle du "beau": la description a eu pendant longtemps une fonction esthétique. [...]
[...] Qu'importe l'infonctionnalité d'un détail, du moment qu'il dénote qui a eu lieu» ; le réel concret devient la justification suffisante du dire. " Barthes note que le discours historique est le modèle de ces récits remplis de notations structuralement superflues. Le réalisme - tout discours qui accepte des énonciations créditées par le seul référent. Le réel en est réputé se suffire à lui-même. il est assez fort pour démentir toute idée de fonction ; son énonciation n'a nul besoin d'être intégrée dans une structure: L'avoir-été-là des choses est un principe suffisant de la parole. [...]
[...] Barthes parle d'illusion référentielle et d'effet de réel. Sémiotiquement, le détail concret est constitué par la collusion directe d'un référent et d'un signifiant, le signifié est expulsé du signe, et avec lui, bien entendu, la possibilité de développer une forme du signifié, c'est-à-dire, en fait, la structure narrative elle-même. la littérature réaliste est narrative, parce que le réalisme est en elle-même parcellaire, erratique, confinée aux détails : le récit le plus réaliste se développe selon des voies irréalistes. Illusion référentielle : supprimé de l'énonciation réaliste à titre de signifié de dénotation, le réel y revient à titre de signifié de connotation ; car dans le moment même où ces détails sont réputés dénoter directement le réel, ils ne font rien d'autre, sans le dire, que le signifier: le baromètre de Flaubert dit je suis le réel. [...]
[...] La description n'est assujettie à aucun réalisme, peu importe sa vérité où sa vraisemblance; seule compte la contrainte du genre descriptif. Le vraisemblable n'est pas ici référentiel, mais ouvertement discursif : les règles génériques du discours font la loi. Barthes note que chez Flaubert, "la fin esthétique de la description est encore très forte." La description n'est pas justifiée par la logique de l'oeuvre, mais par les lois de la littérature. La description de Flaubert ajoute aux contraintes esthétiques des contraintes de réalisme. Dans Madame Bovary : description de Rouen : le vraisemblable esthétique. [...]
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