La fable 19 du livre VIII, L'avantage de la Science, est située dans le second recueil où le bestiaire et l'imaginaire en liberté du fabuliste s'est nettement amoindri pour s'orienter vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. Les préoccupations morales et philosophiques y deviennent prépondérantes comme en témoigne particulièrement la présence d'un "cycle de l'ignorance" constitué de quatre fables, avec notamment L'Éducation (fable 24 du même livre), dénonçant la sottise humaine (...)
[...] L'avantage de la Science Recueil : II, parution en 1678. Livre : VIII. Fable : 19, composée de 39 vers. Entre deux bourgeois d'une ville S'émut jadis un différend : L'un était pauvre, mais habile L'autre riche, mais ignorant Celui-ci sur son concurrent Voulait emporter l'avantage, Prétendait que tout homme sage Était tenu de l'honorer. C'était tout homme sot ; car pourquoi révérer 10 Des biens dépourvus de mérite ? La raison m'en semble petite. Mon ami, disait-il souvent Au savant, Vous vous croyez considérable ; 15 Mais dites-moi, tenez-vous table ? [...]
[...] Grâce à un discours enflé et au manichéisme des personnages, celui-ci devine déjà la préférence du fabuliste bien avant le dénouement et la morale. - vers 32 à 38 : situation finale Marquée par une intervention divine (Mars, vers 33) qui vise à lui donner de la légitimité, elle s'achève par la perte matérielle du riche, majorée par la narration sur deux octosyllabes (vers 35-36), et la gloire spirituelle du pauvre, mise en valeur par un seul alexandrin (vers et accentue le caractère antithétique des protagonistes : L'ignorant resta sans asile : Il reçut partout des mépris ; L'autre reçut partout quelque faveur nouvelle. [...]
[...] Il faut rappeler que La Fontaine a été lui-même logé dans les mansardes de Mme de la Sablière et qu'il ne s'en est jamais plaint. La république : la société. Mars : Dieu romain de la guerre. L'un et l'autre quitta : La Fontaine accorde avec le pronom le plus proche. Décida : arrangea, régla. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Les fables sont des apologues c'est-à-dire des récits courts, divertissants, qui se concluent par une morale générale qu'ils illustrent. Les Fables choisies mises en vers ont été publiées par Jean de La Fontaine (1621-1695) de1668 à 1693, en deux recueils. [...]
[...] - ignorant et superficiel. Pour lui, le paraître est ce qui détermine la valeur d'une personne comme en témoignent les métaphores qu'il utilise pour se moquer du pauvre : Mais dites-moi, tenez-vous table ? (vers 15) ; Ils sont toujours logés à la troisième chambre (vers 17) ; Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre (vers 18) ; Je ne sais d'homme nécessaire / Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien (vers 22-23). Le pauvre Utilisant le mépris et le silence pour toute réponse, il est cependant mis en valeur par le seul vers de trois syllabes de la fable : Au savant (vers 13). [...]
[...] notre plaisir occupe 25 L'artisan, le vendeur, celui qui fait la jupe, Et celle qui la porte, et vous, qui dédiez À Messieurs les gens de finance De méchants livres bien payés. Ces mots remplis d'impertinence 30 Eurent le sort qu'ils méritaient. L'homme lettré se tut, il avait trop à dire. La guerre le vengea bien mieux qu'une satire. Mars détruisit le lieu que nos gens habitaient : L'un et l'autre quitta sa ville L'ignorant resta sans asile : Il reçut partout des mépris ; L'autre reçut partout quelque faveur nouvelle. [...]
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