Commentaire composé de la partie centrale de l'Avant-propos des « Mémoires d'outre-tombe » qui propose une réflexion sur la composition autobiographique : « Ces mémoires ont été composées à différentes dates et en différents pays [... la mort m'ira peut-être mieux] ».
[...] Il me disait : "Le lieu de repos que vous désirez au bord de la mer, à quelques pas de votre berceau, sera préparé par la piété filiale des Malouins. Une pensée triste se mêle pourtant à ce soin. Ah ! puisse le monument rester longtemps vide ! mais l'honneur et la gloire survivent à tout ce qui passe sur la terre." Je cite avec reconnaissance ces belles paroles de M. Hovius : il n'y a de trop que le mot gloire. Je reposerai donc au bord de la mer que j'ai tant aimée. [...]
[...] Le 4 septembre prochain, j'aurai atteint ma soixante-dix-huitième année : il est bien temps que je quitte un monde qui me quitte et que je ne regrette pas. Les Mémoires à la tête desquels on lira cet avant-propos, suivent, dans leurs divisions, les divisions naturelles de mes carrières. La triste nécessité qui m'a toujours tenu le pied sur la gorge, m'a forcé de vendre mes Mémoires. Personne ne peut savoir ce que j'ai souffert d'avoir été obligé d'hypothéquer ma tombe ; mais je devais ce dernier sacrifice à mes serments et à l'unité de ma conduite. [...]
[...] Ce travail d'explication-justification montre l'importance que pouvait prendre pour lui la réaction de la postérité, le besoin de reconnaissance qui l'habitait. On sait aujourd'hui que la mort lui est mieux allée que la vie, que l'auteur entre autres du Génie du Christianisme est entrée au Panthéon des grands auteurs de la littérature française. Le jeune Victor Hugo ne déclara-t-il pas au seuil de sa carrière littéraire : Je veux être Chateaubriand ou rien ! Les Mémoires d'outre-tombe - Avant-propos Paris avril 1846. Revu le 28 juillet 1846. Sicut nubes . [...]
[...] L'extrait proposé ici montre l'écart qui sépare le projet d'écrire ces Mémoires - projet exposé dans la préface des Mémoires de ma vie - et la réalisation presque totale analysée dans cet avant-propos rédigé en 1946, soit deux ans avant le décès de Chateaubriand. A l'aube de son projet, Chateaubriand avait pour objectifs principaux de se connaître mieux et de donner de lui une image exacte rectifiant celle de ses ennemis politiques ou littéraires. Au terme de son entreprise, il est surtout frappé par le fait qu'à l'égal de sa vie, son œuvre autobiographique est marquée par une grande diversité. [...]
[...] Commentaire composé : Chateaubriand forme le projet d'écrire les Mémoires de vie en 1803. Ses Mémoires, rédigés essentiellement de 1809 à 1841, couvrent toute sa vie, même si les pages concernant son enfance passée au Château de Combourg (Première partie) demeurent les plus connues. Nommé plusieurs fois ambassadeur et ministre dans sa carrière, il quitte définitivement la scène politique après la révolution de 1830. C'est à partir de cette date, qu'il élargit son projet au dessein d'écrire l'épopée de son temps et qu'il prévoit que la publication complète sera posthume, d'où le choix du titre définitif : Les Mémoires d'outre- tombe.Cependant, le besoin d'argent l'oblige à vendre son manuscrit à une société d'actionnaires qui s'empresseront de publier les Mémoires en feuilleton dans le journal La Presse dés la mort de Chateaubriand en 1848. [...]
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