Diderot, "Encyclopédie", "Autorité politique" : analyse des quatre premiers paragraphes

Résumé du document

L'article Autorité politique appartient au premier tome de l'Encyclopédie (1751) et dévoile avec force toute la capacité de Diderot a développer audacieusement et astucieusement une critique virulente à l'encontre de la monarchie et de son « autorité ». Ce texte part en effet de la notion d'« autorité » pour aboutir à sa vraie cible et sans doute sa véritable motivation : dénoncer au nom des valeurs philosophiques des Lumières tout régime de forme monarchique (...)

Extraits

[...] autrement dit une autorité fondée sur le libre consentement du peuple. [...]

[...] Une critique à la stratégie rusée : fermeté et contournement de la censure Une autre marque d'un esprit des Lumières se retrouve dans cet article : à la façon d'un Voltaire par exemple lorsqu'il joue avec les codes du conte pour lancer toutes ses attaques, Diderot parvient à préserver la fermeté de son point de vue tout en faisant dans la stratégie indirecte. _ Le contexte de l'époque est celui de mentalités défendant âprement la royauté ou par l'intermédiaire du pouvoir d'influence des jésuites légitiment l'autorité qui a pour source la référence au divin. Diderot, dans une ruse non dépourvue d'ironie, prend la mesure de ce contexte et endosse les habits d'une argumentation à partir de Dieu malgré son athéisme . pour mieux saper les bases même de l'autorité royale! De fait, il se préserve ainsi des attaques des fanatiques religieux. [...]

[...] Introduction Grande figure emblématique de ce que l'on a nommé les philosophes des Lumières, Diderot est avec D'Alembert l'initiateur du fameux projet collectif de l'Encyclopédie ; ouvrage qui avait l'ambition de dresser le bilan des connaissances du dix-huitième siècle dans toutes les disciplines. Étalée sur près d'un quart de siècle (1746 : lancement du projet /1772 : dernière publication), nourrie par les articles des plus grands esprits (Voltaire, Rousseau, Jaucourt, D'Holbach) ; Encyclopédie est aussi et peut-être surtout bien autre chose qu'un simple travail didactique : elle fut un instrument de diffusion et d'expression de critiques à l'encontre des cibles favorites des Lumières comme les intolérances, les fanatismes, les préjugés, les superstitions qui entravent la marche triomphale de l'esprit scientifique méthodique et rationnel. [...]

[...] Aussi multiplie-t-il les marques de son raisonnement, lequel se dévide avec une logique qui semble frappée de l'évidence. _ Nombreuses articulations tout au long du texte, soulignées par l'emploi de connecteurs logiques : mais »car »alors aussitôt . _ Des relations logiques nombreuses : de causes / conséquences ; de comparaison et d'opposition (second et quatrième paragraphe) ; d'hypothèses et d'implications Si la nature ( ) c'est _ Une énonciation significative, marquée par la neutralité du on de valeur indéfinie qu'on examine bien ou parfois un je sans engagement personnel direct dont je vais parler Tel le scientifique en plein raisonnement, Diderot a le souci de se placer sur un plan volontairement universel et se refuse à personnaliser l'article. [...]

[...] ; toujours ; nécessairement ; jamais ) II) Une démonstration rigoureuse et méthodique : l'efficacité d'un esprit des Lumières Comme pour illustrer son culte de la raison Diderot délivre une démonstration qui a la rigueur de l'esprit scientifique. Une construction claire du texte : Diderot conçoit son article comme une progression méthodique irrésistible et solide destinée à s'imposer au lecteur et à obtenir l'effet le plus convaincant. _ La thèse est immédiatement mise en valeur dès la première phrase et s'impose d'emblée comme une sorte de Vérité indubitable : Aucun homme . [...]