Poursuivant l'exposition de l'intrigue, la scène 2 de l'acte I voit l'entrée en scène du héros dialoguant avec son valet. Dans la scène initiale, Sganarelle a présenté à l'écuyer d'Elvire un portait très négatif de son maître : « un pourceau d'Epicure », « épouseur à toutes mains » et « grand seigneur méchant homme ».
Face à Dom Juan, c'est avec timidité que le valet se risque à juger « fort vilain d'aimer de tous côtés ». En réponse à ces reproches, le libertin prononce un magistral plaidoyer pro domo (plaidoyer dans lequel on défend sa propre cause) qui expose avec éloquence les plaisirs de l'inconstance et de la séduction (...)
[...] Un autoportrait paradoxal La forme rhétorique de l'éloge paradoxal permet aussi de mettre en valeur la dimension contestataire et ambiguë du héros. C. Dom Juan, un héros du paradoxe Dom Juan se présente comme un héros du paradoxe, au sens étymologique du terme puisqu'il transgresse la morale commune et les valeurs chrétiennes qui font de la fidélité conjugale un devoir sacré. La constance est dénoncée comme un leurre préjudiciable : La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle la constance n'est bonne que pour les ridicules Il remet en cause les règles traditionnelles du mariage qui sont d'après lui : Tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne Ensuite, loin d'outrager les femmes, l'inconstance masculine serait la meilleure façon de rendre justice à la beauté de chacune d'elles, en vertu d'une obligation imposée par la nature et selon un code qui rappelle celui de l'amour courtois. [...]
[...] Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable ; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui à peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. [...]
[...] - L'hypertrophie du moi, au désir insatisfait car il concerne une quête irréalisable d'absolu Conclusion : Avec l'entrée en scène de Dom Juan, la pièce est lancée. Ici le héros prononce une véritable profession de foi du séducteur. On comprend que le Dom Juanisme consiste en un refus des règles sociales au nom de la nature qui commande l'inconstance. Cette tirade laisse Sganarelle incapable de parler, et, comme lui, le spectateur est fasciné par la verve et la témérité de ce grand seigneur méchant homme. Le spectateur attend ainsi de voir Dom Juan à l'œuvre avec l'entrée en scène d'Elvire. [...]
[...] Dans la scène initiale, Sganarelle a présenté à l'écuyer d'Elvire un portait très négatif de son maître : un pourceau d'Epicure épouseur à toutes mains et grand seigneur méchant homme Face à Dom Juan, c'est avec timidité que le valet se risque à juger fort vilain d'aimer de tous côtés En réponse à ces reproches, le libertin prononce un magistral plaidoyer pro domo (plaidoyer dans lequel on défend sa propre cause) qui expose avec éloquence les plaisirs de l'inconstance et de la séduction. Problématique : Quelle image du libertin reflète cette tirade ? [...]
[...] Un libertin 1. Le Dom Juanisme Le Dom Juanisme est tout d'abord dépeint dans cet extrait par un certain nombre de champs lexicaux : - Le champ lexical de la mort, associé à la constance : s'ensevelir pour toujours être mort - Le champ lexical de l'amour, associé au changement J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres : l'amour mon cœur passion désirs - Le champ lexical de la beauté : beautés belles belle beau visage des charmes inexplicables une jeune beauté charmes attrayants Mais aussi par : - L'idée de totalité, associée à la démesure et l'excès : mise en place par la répétition de l'adjectif toutes et par l'utilisation des pluriels : les beautés les belles aux autres elles - Les antithèses : Qui mettent en place l'essence même du Dom Juanisme : l'opposition unicité/multiplicité : le mérite de toutes, et rends à chacune toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs. [...]
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