Guillaume Apollinaire occupe une position originale dans l'histoire de la poésie française. Écrivant au cours des années qui précédent la Première Guerre mondiale, il est contemporain et parfois pionnier des mouvements avant-gardistes tels le cubisme (de son ami Picasso) ou le futurisme. Pourtant, ce quêteur de modernité est aussi un amoureux des traditions (son pseudo fait référence à Apollon, divinité grecque des arts) qui se plait à reprendre et prolonger des héritages (les thématiques des romantiques, Baudelaire, le symbolisme et la musicalité de Verlaine).
De ce point de vue, le poème Automne Malade tiré du recueil Alcools (publié en 1913) est emblématique de cette situation entre tradition et modernité d' Apollinaire (...)
[...] _ Un amour de l'automne qui unit les contraires. L'automne séduit Apollinaire parce que c'est une saison au sein de laquelle coexistent vie et mort. Ceci explique pourquoi les deux lexiques antithétiques sont sans cesse accouplés aux vers 1 malade adoré et 4 neiger vergers meurs richesse neige fruits mûrs et 15 fruits tombant C. Un amour mythologique : les nixes L'originalité de cette plainte amoureuse, de cette élégie est enfin complétée avec l'utilisation de la mythologie. _ Les ondines germaniques. [...]
[...] Le final de ce texte en amène une illustration : un alexandrin . s'étale en six vers de deux syllabes et amène une structure verticale qui suggère la chute des feuilles, le déclin de l'automne et l'arrivée de l'hiver. Conclusion : Tout comme avec le paysage fluvial du cycle rhénan ou la saison du printemps (le poème Mai ; Apollinaire prouve sa capacité à recycler les grands thèmes classiques de la poésie. Son automne est ainsi très personnel et dépasse le symbolisme de la fuite du temps et du passage du côté de la mort pour devenir l'évocation intimiste des amours dangereux et impossibles pour lesquels le poète nourrit à la fois des sentiments angoissés (la mythologie des ondines germaniques, les indices de l'arrivée de l'hiver) et une fascination esthétique (l'automne est une saison belle associée aux vendanges, à une forme d'ivresse amoureuse . [...]
[...] _ Une métrique irrégulière : 8 octosyllabes alexandrins mais aussi un vers anormalement longs (les 14 syllabes du vers ou les 6 derniers vers courts de deux syllabes . Ce texte brille par son côté disparate et prouve la liberté avec laquelle Apollinaire mène l'expression de sa créativité. _ L'absence de ponctuation : cette marque de fabrique de Apollinaire est à rapprocher des remarques sur la forme musicale et sur le rythme. En effet, ces deux aspects constituent la véritable ponctuation du poème. [...]
[...] Le jeu des contraires : un amour de automne complexe Une opposition lexicale organise cette déclaration d'amour à l'automne et expose une perception personnelle de l'automne chez Apollinaire. _ La beauté de l'automne : la saison est associée à richesse fruits mûrs fruits adoré mais aussi à vergers (symbolique probable de l'ivresse) et à roseraies (la rose, fleur symbolique de l'attachement amoureux). L'automne est une saison qui résume des forces vitales. _ La présence de la mort hivernale : l'originalité de Apollinaire s'exprime lorsque l'on constate que sa compassion pour l'automne . [...]
[...] Introduction : Guillaume Apollinaire occupe une position originale dans l'histoire de la poésie française. Écrivant au cours des années qui précédent la première guerre mondiale, il est contemporain et parfois pionnier des mouvements avant-gardistes tels le cubisme (de son ami Picasso) ou le futurisme. Pourtant, ce quêteur de modernité est aussi un amoureux des traditions (son pseudo fait référence à Apollon, divinité grecque des arts) qui se plait à reprendre et prolonger des héritages (les thématiques des romantiques, Baudelaire, le symbolisme et la musicalité de Verlaine). [...]
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