L'autobiographie : sincérité ou part d'invention ?

Résumé du document

Dans son autobiographie Si le grain se meurt, André Gide écrivait: « Les Mémoires ne sont jamais qu'à-demie sincères, si grand que soit le souci de vérité : tout est toujours plus compliqué qu'on ne le dit. Peut être approche-t-on de plus près la vérité dans le roman ». Pensez-vous que l'écriture autobiographique suppose nécessairement une part d'invention ? Vous appuierez votre réflexion sur le corpus de textes et sur vos lectures personnelles.

Extraits

[...] Une oeuvre aussi personnelle rend son auteur seul capable de juger ce qui doit ou ne doit pas être dit dans son autobiographie, il ne revient donc pas au lecteur de porter un jugement sur ce qui est, a fortiori, une extension matérielle de l'écrivain. [...]

[...] Créant un récit aux apparences décousues et novatrices, l'auteur, fait revivre par bribes à son lecteur son passé, le plongeant dans un récit vivant car cette quête du souvenir se précise à mesure que le lecteur avance dans sa lecture . on peut prendre exemple sur l'extrait ou la fillette se fait rejeter par le couple composé de Kolia et sa mère. Ce n'est qu'avec la distanciation favorisée par le dialogue à deux voix que celle-ci va comprendre qu'elle était en réalité gênante. [...]

[...] Pour suppléer à cela, Simone de Beauvoir, rompra le pacte autobiographique en déclarant au lecteur, contrairement à Rousseau, ne pas tout dire. Parmi les nombreuses difficultés auxquelles se heurtent les autobiographes, qu'elles concernent le malaise de s'auto-analyser ou simplement celle du manque d'information, la plus fréquente reste celle des réminiscences ectoplasmiques, insondables, qui laissent des vides dans le récit téléologique, tourné vers sa fin, de l'auteur. Pour suppléer à cette constatation terrifiante qu'est celle du vide, certains auteurs n'hésitent pas à inventer certains moments de leur vie. [...]

[...] Si c'est un homme de Primo Levi est un exemple parfait de cette difficulté à être impartial. Après avoir vécu l'horreur des camps d'exterminations nazis peut-on supposer que Primo Levi décrit ses tortionnaires "objectivement" ? Un problème similaire se pose avec l'auteur de Black Boy, Richard Wright, qui a vécu enfant les affres de l'Apartheid et les pressions racistes du Ku Kux Klan. C'est alors qu'interviennent les deux temporalités qui permettent à l'auteur de dépeindre ses impressions en tant qu'enfant, tout en concervant un regard critique sur son entourage ou sa vie passée grâce au procédé de distanciation. [...]

[...] C'est pourquoi, ils ne rejettent pas et revendiquent même, la part d'inventivité liée à l'écriture autobiographique . alors que d'autres réfutent cette conception et trouvent d'autres moyens pour combler cette absence. L'écriture autobiographique, pour d'autres, ne s'accompagne pas nécessairement d'une part d'invention. Ceux-ci trouvent alors d'autres feintes. Tour à tour, ils font le choix de moments-clefs pour pallier la disparition du souvenir, pour assurer la justesse du récit ; ils privilégient les souvenirs subreptices ou encore reconstruisent les souvenirs perdus par d'autres biais que celui de leur imagination. [...]