Nous pourrions spontanément penser que les attentes du lecteur d'une autobiographie et d'un roman sont différentes. Le lecteur d'une autobiographie compte sur la sincérité de l'auteur, il est à la recherche de la vérité dans le but de mieux se connaître, à travers le récit de la vie d'un autre. A l'inverse, qui se plonge dans la lecture d'un roman ne s'attend pas à un récit de vie véridique et ne l'exige par ailleurs pas (...)
[...] Il écrit alors Je viendrai ce livre à la main me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. Par ailleurs, la sincérité de l'écrivain est parfois apparente : Nathalie Sarraute rédige son autobiographie, Enfance, en séquences non chronologiques et en laissant volontairement des blancs pour montrer que sa mémoire n'est certes pas infaillible mais qu'elle respecte son lecteur en ne lui cachant pas ces défauts. [...]
[...] Qui raconte sa vie la transforme fatalement en roman Au-delà d'une tentation, c'est l'essence même du travail de l'écriture qui est interrogée. En effet, le lecteur d'une autobiographie, en définitive et malgré notre impression première, n'attend pas une vérité nue. D'une part, il respecte la pudeur qui peut pousser l'écrivain, consciemment ou non, à voiler un pan de sa vie. D'autre part, il est séduit et convaincu par une œuvre et non le récit brut de la vie de l'auteur, c'est-à-dire qu'il attend le roman dans la vie. [...]
[...] La tentation est forte pour l'autobiographe de se transformer en romancier. A. L'autobiographe se heurte en premier lieu à un apriori défavorable : parler de soi implique une vision individualiste, narcissique. Il y a aussi le problème de captiver le lecteur car toute vie n'est pas forcément intéressante à raconter. Aussi, l'auteur peut-il rapidement basculer d'un genre à un autre ou encore changer de style, et se réfugier dans le roman. Chateaubriand dans ses Mémoires d'Outre-tombe met davantage en scène qu'il ne raconte sa vie, par son style enlevé, le recours fréquent au registre épique et sa volonté d'accéder au symbole dans son récit. [...]
[...] Il n'est tout d'abord pas toujours nécessaire d'enjoliver pour intéresser. Quand, de prime abord, l'autobiographie n'est pas destinée à être lue et publiée, elle n'a pas lieu d'être remaniée. D'autre part, des vies sont suffisamment susceptibles d'intéresser le lectorat sans être modifiées ou romancées. L'exemple du Journal d'Anne Franck correspond à ces deux constats, dans la mesure où ce journal intime a été publié à titre posthume par la volonté du père de la jeune fille, comme témoignage poignant d'une réalité historique vécue. B. [...]
[...] Dissertation Qui raconte sa vie la transforme fatalement en roman Philippe Forest Le Roman, le Je Nous pourrions spontanément penser que les attentes du lecteur d'une autobiographie et d'un roman sont différentes. Le lecteur d'une autobiographie compte sur la sincérité de l'auteur, il est à la recherche de la vérité dans le but de mieux se connaître, à travers le récit de la vie d'un autre. A l'inverse, qui se plonge dans la lecture d'un roman ne s'attend pas un récit de vie véridique et ne l'exige par ailleurs pas. [...]
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