A la fin du XVIIème siècle et durant le XVIIIème, la philosophie instaure l'homme comme objet central de la connaissance. Désormais, la curiosité des philosophes se porte davantage vers la question de la nature de l'homme. Cette évolution des mentalités allait conduire les écrivains à s'interroger sur eux-mêmes dans leurs oeuvres et allait favoriser l'émergence du genre autobiographique, c'est-à-dire, selon le premier spécialiste de France du genre, Philippe Lejeune, "un récit rétrospectif en prose que quelqu'un fait de sa propre expérience quand il met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité" (...)
[...] Mais raconter sa vie, est-ce constater des faits objectifs ou est-ce ordonner, arranger, réinventer son existence pour lui donner un sens ? Pour le déterminer, il convient, après avoir étudier l'objectivité des auteurs, d'analyser les apports, les changements ou les interprétations que font les écrivains de leur propre vie. Raconter sa vie, c'est tout d'abord constater des faits objectifs. En effet, habituellement, lorsque, lors d'une discussion, une personne raconte sa vie, elle est censée garder les événements marquant de sa vie, faire impasse sur les banalités et garder l'essentiel. [...]
[...] Ainsi, l'autobiographie possède deux fonctions principales. D'une part rétrospective puisqu'elle décrit les événements importants d'une vie, ce qui permet de constater des faits objectifs. Et, d'autre part prospective car elle s'appuie sur une expérience individuelle pour proposer un système conceptuel visant à interpréter le monde et ainsi donner un sens à sa vie. Depuis la première autobiographie au sens moderne, apparue au XVIIIème siècle, ce genre a beaucoup évolué. A partir du XVIIIè, elles se multiplient dans toute l'Europe. Il semble que ce soit devenu une sorte d'exercice obligé pour les contemporains. [...]
[...] Tout comme dans le quotidien, dans les autobiographies, les auteurs se construisent une image positive. L'écriture est un instrument qui permet à l'écrivain d'élucider qui il est. Elle sert souvent à comprendre pour expliquer le cheminement de sa propre expérience. Le désir de comprendre son parcours est inséparable de celui de se comprendre. L'auteur est à la recherche de son moi et pour cela, il n'hésite pas à amplifier sa personnalité. Cette construction passe d'abord par une ellipse des moments les plus indélicats. [...]
[...] Rares sont les auteurs qui ne changent aucun fait à leur vie et même involontairement, certains y sont obligés. L'autobiographie reste une œuvre de langage. Elle se révèle littéraire ou non, selon le travail réalisé sur le langage qui peut lui-même contribuer à la connaissance voire la construction de soi. Mais trop de changements ne rejoindrait-il pas une recherche de l'idéal et de part cela, l'autobiographie ne pourrait-elle pas se confondre avec le roman ? Les limites de ce genre qui s'élargissent de plus en plus, deviennent floues. [...]
[...] Le problème de l'autobiographie est que les faits relatés sont invérifiables. Il n'y a que l'auteur qui raconte sa vie, ce qu'avoue franchement Chateaubriand Je ne dirai de moi que ce qui est concevable à ma dignité d'homme Outre le problème de la réinterprétation de la vie ou de l'objectivité, apparaît la subjectivité de l'auteur. Par leurs œuvres, certains auteurs cherchent à convaincre leur lectorat et à l'influencer comme dans les Confessions de Saint Augustin de 397 où il raconte sa conversion après une jeunesse tumultueuse afin de convaincre ses lecteurs de la toute puissance de Dieu. [...]
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