De nombreux auteurs, notamment de romans, se risquent à l'autobiographie. Pourquoi ressentent-ils ce besoin de quitter leur genre de prédilection ? L'autobiographie posséderait-elle des capacités qui sont absentes du roman ? On est souvent, en effet, tenté de comparer ces deux genres pour finalement constater que le roman offre des possibilités comparables. Il exprime très bien la personnalité de l'auteur en montrant ce qu'il fantasme, et possède donc l''outil fictionnel en plus de l'autobiographie qui a le souci supplémentaire de devoir rendre des comptes sur ce qui est dit (...)
[...] A l'inverse, l'écriture autobiographique lui permet de faire une parenthèse dans ses tâches et obligations habituelles afin de se consacrer à lui-même. Il laisse ressurgir les questions en suspend, les obsessions, problèmes insolubles et autres : en un mot, ses fantômes Il se met en danger car se met face à ses difficultés, à ce qui est insurmonté et non derrière lui. Jean-Pierre Caron dans Ecriture et Identité, pour une poétique de l'autobiographie relate l'expérience d'Edgard Morin lorsqu'il a rédigé la sienne : c'est dans des circonstances particulières qu'il a entrepris de tenir un journal puisqu'il venait d'être frappé brutalement par la maladie. [...]
[...] Tout d'abord, il s'agit de comprendre quel attrait peut avoir ce genre, si on y voit une possibilité d'exposition du moi, afin d'en observer les limites et d'envisager l'exercice autobiographique de manière totalement différente, dans une démarche davantage personnelle et sincère pour l'auteur. Enfin, il semble impossible que la littérature s'épanouissent dans un genre aussi mortifère : où est donc la place de la création dans l'autobiographie et quelles sont les conditions nécessaires à celle-ci ? L'autobiographie est sans doute un genre attirant. [...]
[...] De plus, la structure particulière des Essais qui progressent par méandres montre bien cette idée de cheminement intérieur, d'ailleurs Montaigne dit lui-même que son langage est aussi sinueux que sa pensée puisqu'il s'adapte à cette dernière. L'autobiographe n'a pas à dicter méthodiquement ce qu'il est afin de pouvoir exhiber son livre comme un catafalque. Au contraire, l'introspection nécessaire à l'autobiographie le conduira à un renouveau comme la personnalité en connaît sans cesse. Ainsi, c'est bien la littérature qui agit sur la vie. L'autobiographie agit sur le passé et aura un impact sur l'avenir. [...]
[...] L'autobiographie est souvent rédigée à un âge avancé, pour qu'on ait des choses à dire dit le lieu commun. Sans doute, cependant, ne peut-on pas penser que l'idée de la fin de notre présence sur terre nous effleure davantage à ce moment, et nous pousserait donc à vouloir en laisser une trace ? L'autobiographie serait donc comme une tentative de petite vie post-mortem à travers l'écriture de soi, non seulement pour ses contemporains mais aussi pour les générations futures. Qu'en penser ? [...]
[...] Faut-il se résoudre à ce que toute autobiographie [soit] posthume pour citer la phrase assassine de S. Mijolla-Mellon ? L'autobiographie est un genre glissant, tentant mais glissant, et nombre d'auteurs en ont fait l'expérience semble-t-il puisque les propos de Raphaëlle Rérolle parle d'une tare très répandue cette fameuse rigidité antilittéraire. Le terme évoque la psychanalyse où la rigidité (ou résistance) est une force qui s'oppose au retour dans le conscient de pensées inconscientes. Lors de l'écriture autobiographique, le travail de l'écrivain sur lui-même est peut-être comparable à celui du psychanalyste sur son patient. [...]
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