Le terme "autobiographie", issu du grec, est composé de "auto", qui signifie "soi", de "bios", la "vie", et de "graphein", "écrire". Une autobiographie, par éthymologie, serait donc bien la vie d'une personne écrite par elle-même. Mais en réalité, définir l'autobiographie est une entreprise extrêmement difficile. Philippe Lejeune, universitaire français spécialiste de l'autobiographie, en avait proposé cette définition : "Récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité." Il s'agit donc pour l'écrivain de recomposer sa vie.
Mais il est difficile de s'en tenir à cette définition, car l'autobiographie se présente sous la forme de multiples sous-genres (mémoires, biographie, journal intime, autoportrait, essai...) et l'on peut se livrer à une perpétuelle rectification (...)
[...] Et il est bien sûr impossible d'écrire quand on est mort. Pour la même raison, l'autobiographie stendhalienne trouve son accomplissement idéal dans la pseudonymie. C'est dans l'écart qui s'interpose entre le nom qui assigne et le nom imaginaire que s'affirme la séparation de moi et de l'autre, la distance où ce que je ne connais pas peut advenir. Le pseudonyme réserve la place de l'imaginaire, signalant ainsi toute la différence entre celui qui écrit sous son nom et celui qui, écrivant hors de son nom, n'en soussigne que la fiction. [...]
[...] III) Toute autobiographie n'est pas vouée l'inachèvement si l'on considère qu'une autobiographie propose sa propre définition de ce qu'est la "totalité de la vie" Ainsi une autobiographie semble toujours vouée à l'incomplétude et à l'inexactitude, semble ne jamais pouvoire retranscrire la totalité de la vie. Cependant, ne peut-on pas dire que c'est l'autobiographie qui détermine le sens que donne son auteur à la "totalité de la vie"? Une autobiographie ne peut-elle pas avoir pour projet de raconter la totalité de la vie dans un autre sens que celui dans lequel nous l'entendons actuellement? [...]
[...] L'inachèvement est le propre même de ce genre d'écrit qui ne peut raconter la totalité de la vie." Cette affirmation semble tout à fait logique. En effet, préciser qu'un écrivain qui a entrepris de raconter sa vie ne peut raconter sa propre mort est un truisme. L'inachèvement est en effet une des nombreuses difficultés que rencontre l'écrivain pour ce qui est du pacte autobiographique. Dans un premier temps, on peut montrer en quoi l'autobiographie, dans laquelle l'auteur ne peut raconter sa propre mort, est vouée à l'inachèvement. [...]
[...] Mais si, au lieu de considérer l'autobiographie comme un genre aux innombrables pièges et limites, on le considérait comme un genre infini, l'occasion d'écrire librement? Diderot disait dans Jacques le Fataliste : "Ce que tout cela signifie, personne n'en sait rien, pas plus moi que vous, et d'abord qu'est-ce que ça peut vous faire, puisque, de toute façon, je peux inventer n'importe quoi?" En effet, qu'y a-t-il de plus important, se plier à des règles qui se révèlent impossibles ou produire l'oeuvre littéraire, belle bien qu'inachevée, et ressentir une satisfaction dans la communication avec le lecteur? [...]
[...] L'autobiographie ne serait dans ce cas pas incomplète. Pour certains, la vie, celle qui mérite d'être relatée, s'arrête à l'enfance. Ainsi, Enfance est considéré comme une autobiographie mais Natalie Sarraute n'y raconte, sous forme d'un dialogue avec elle-même, que ses souvenirs d'enfance. Les Mots de Sartre, considéré comme une autobiographie, est constitué d'un récit se divisant en deux parties, "Lire" et "Écrire", ne couvrant que son enfance de 2 à 12 ans. Pour d'autres, la vie n'a commencé que plus tard. [...]
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