Les Illuminations sont le dernier recueil poétique de Rimbaud. Verlaine le publie en 1886 en indiquant que le terme est emprunté à l'anglais et signifie "enluminures". Cependant, le sens d'apparition, d'hallucination n'est pas à rejeter lorsqu'on se réfère à la "Lettre du Voyant".
Aube est un poème en prose, assez court, dont le sens paraît énigmatique à la première lecture malgré la présence de thèmes familiers à la poésie comme la nature et l'enfance (...)
[...] De plus, l'assimilation de l'aube à une déesse donne au texte une intensité érotique. La nature incarne la féminité. Nous noterons d'abord l'abondance de noms communs féminins dans le poème : eau route haleines pierreries, ailes fleur cime pour ne citer qu'eux. Le champ lexical de la chair et du corps ajoute le désir au constat avec embrassé haleines vives et tièdes qui s'opposent à l'eau morte bras entourée corps Ce repérage permet de comprendre les expressions métaphoriques. Alors je levai un à un les voiles. [...]
[...] Puis, nous lirons cette page comme un apprentissage de la vie, un passage de l'enfant à l'adulte. Enfin, nous verrons que ce texte est une allégorie de la poésie dans lequel Rimbaud met en pratique sa propre vision. Rimbaud nous entraîne dans un univers fantastique qui rappelle celui des contes de l'enfance. Le décor est souligné par le champ lexical abondant de la magnificence avec le palais les pierreries la cime argentée les clochers et les dômes et les quais de marbre qui suggèrent une idée de luxe. [...]
[...] Aube Arthur Rimbaud J'ai embrassé l'aube d'été. Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit. La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom. Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée, je reconnus la déesse. [...]
[...] Le narrateur déshabille l'aube comme une femme. La fleur peut également suggérer le désir de déflorer. Le titre installait déjà l'idée de virginité puisque, étymologiquement, aube signifie blanc. D'ailleurs, avec la nature, ce sont tous les sens qui s'éveillent, comme une découverte de soi, de ses sensations, du corps : l'odorat avec les haleines le regard avec les pierreries le toucher avec j'ai senti l'ouïe avec notamment les clochers Nous relevons, avec l'expression haleines vives et tièdes une synesthésie qui nous fait penser à Baudelaire. [...]
[...] Au réveil, il était midi. Le merveilleux paraît s'expliquer par l'onirisme : le narrateur a fait un rêve. Nous noterons l'usage d'images récurrentes du rêve : le vagabondage, la poursuite, la chute sont des motifs banals selon Freud. Cela permet également d'éclaircir l'ubiquité du narrateur et l'ellipse de l'avant dernier paragraphe. La chute de l'aube et de l'enfant aurait pu provoquer le réveil. D'ailleurs, le dédoublement du narrateur est aussi caractéristique des songes où nous sommes à la fois auteur et observateur des actions. [...]
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