Il existe une pluralité des personnages chez les libertins. Certains traits leur sont propres :
- Dom Juan : séducteur trompe-la-mort, « grand seigneur méchant homme »
- Meilcour : jeune inconscient, naïf, qui apprend qu'il ne reste que du goût à la place de l'amour
- Valmont : scélérat méthodique, « conquérir est notre destin »
Mais il existe aussi un trait commun qui définit le libertin : le refus à mettre des limites à son plaisir, le libertin revendique la liberté comme un absolu, au nom de sa jouissance, il se libère des dogmes qui sont vécus comme des limites. Crédo : je jouis donc je suis. Le fait de jouir sans obstacle contre les carcans sociaux, religieux… fait des libertins des débauchés.
C'est le libertinage des mœurs, le dévergondage sexuel.
[...] Sans artifice, pas de satisfaction. Il y a des règles de bienséance. Il faut donc transformer le plaisir pur et violent en goût (ainsi, Sade n'est pas un libertin). Chez le libertin, le plaisir n'est pas spontané, il est habillé par des codes. On ne peut pas faire l'expérience du plaisir sans le polir avant, et cela, parce que nous avons besoin des autres pour jouir, il faut donc qu'ils nous trouvent aimables. Le libertin est une personne de bonne compagnie, bien éduqué, qui a de l'esprit et qui arrive à rendre présentable la furie des plaisirs. [...]
[...] Habiller le plaisir semble être la seule façon de jouer les uns et les autres. En effet, nous vivons les uns à côté des autres, nous faisons circuler le plaisir. A-t-on vraiment le choix entre dissimuler le plaisir et dire le plaisir dans sa brutalité ? Conclusion Certes, le libertin triche, ment, manipule et il le fait pour son plaisir, pour être satisfait lui ! Mais c'est dans la mesure où le libertin reconnait qu'en dehors des sensations primaires, il n'y a plus rien d'absolu et que nous vivons les uns avec les autres. [...]
[...] Le péché a transformé notre nature, l'homme a choisi de se détacher de Dieu. Le monde de la seconde nature est sans Dieu, c'est le vide. En effet, après la chute du monde crée par Dieu (le jardin d'Eden), Dieu était le centre de l'amour des hommes (l'amour humain était dirigé vers Dieu, et celui-ci, être infini, avait un amour infini). Mais dans le monde de la seconde nature, l'homme cherche à se mettre au centre de l'univers infini, à être le point d'Archimède de l'univers. [...]
[...] Il y a un instinct du plaisir qu'il faut réaliser. Mais comment ? Tout manquait à mon cœur : je désirais une félicité dont je n'avais pas une idée bien distincte, je fus quelque temps sans comprendre la sorte de volupté qui m'était nécessaire (Les égarements du cœur et de l'esprit, Meilcour) Trouble dans les sentiments. Meilcour ne sait pas ce qui peut le satisfaire, ce qu'il doit choisir comme amour. L'amour devient incertain et même douteux. C'est une sorte de concurrence intime, une curiosité vive qui ressemble à l'amour par les plaisirs sans en avoir les sottes délicatesses. [...]
[...] Le fait de jouir sans obstacle contre les carcans sociaux, religieux fait des libertins des débauchés. C'est le libertinage des mœurs, le dévergondage sexuel. Mais cet aspect-là n'est pas la totalité du libertin et encore moins sa profondeur. Il faut montrer que le libertinage a quelque chose de compréhensible, chercher au nom de quoi l'homme du 20e siècle va justifier et fonder le libertinage ? Le libertin a une logique, une rationalité qui conduit sa pratique, une certaine idéologie se résumant par une dimension rationnelle et réfléchie, la construction d'un système rationnel malgré le caractère irraisonnable. [...]
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