Ce poème Voyelles est presque contemporain des lettres écrites à Paul de Meny appelées les fameuses Lettres du voyant. Dans lesquelles Rimbaud écrit : "je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et résonné dérèglement de tous les sens". Et plus loin il continue en disant que pour transmettre ce qu'il voit, le poète doit trouver une langue particulière. "Cette langue sera de l'âme pour l'âme résument tous parfums, sons, couleur, de la penser accrochant la pensée et tirant". Ce poème est fortement influencé par la théorie des Correspondances de Baudelaire.
(...) Dans les deux premiers vers Rimbaud annonce son projet. Nous avons la liste des voyelles et d'ailleurs il s'adresse directement à elle. Au vers 1, il les interpelle "voyelles" et nous retrouvons le déterminant possessif "vos" au vers 2. Ces voyelles sont presque personnifiées par Rimbaud grâce au terme "naissances" au vers 2. Cette personnification est un des signes de l'importance que Rimbaud accorde aux voyelles. L'expression "je dirai quelque jour" montre que ce poème n'est qu'une ébauche du projet de Rimbaud. De plus grâce au terme "latentes" (=caché, mystérieux) il nous annonce que ce que nous allons lire n'est pas tout à fait satisfaisant et terminé.
Après cette présentation du projet, le poète crée ces premières correspondances, à partir du vers 3, en associant aux voyelles de perceptions sensorielles, des synesthésies.
Le "A" est "noire" l'ante position de cet adjectif met en évidence cette couleur. Le participe "velu" met en évidence un sens tactile, le touché. Tandis que le mot "éclatantes" sollicite à la fois la vue et l'ouïe. L'ouïe est aussi sollicitée par le verbe "bombinent" (néologisme de Rimbaud formé à partir de bombino (latin) =bourdonner). Enfin nous avons l'odorat qui est sollicité par le substantif "puanteur" (...)
[...] Tout ce U s'organise autour des notions de cycles et de paix. Rimbaud suggère le va et vient éternel qui apaise. On remarque le mot alchimie dont Rimbaud parle dans la lettre du voyant. Le O quand on le prénomme oblige à ouvrir grand la bouche et de plus il ressemble au O lyrique. Le cri qui est poussé est un cri strident. Le suprême clairon est celui du jugement dernier. A ce bruit violent est associé le silence traversé par des mondes et des anges. [...]
[...] Une lecture qui associe les sons de la voyelle et les sensations. Une autre qui associe des perceptions sensorielles et des connotations morales. Une troisième lecture qui fait des successions de tableaux donnant le cycle de la vie, mort en décomposition du naissances la candeur du puis la maturité du puis l'évolution vers la sagesse du U pour se terminer au jugement dernier de l'Ω. Ce sonnet est l'illustration de ce que Rimbaud voulait faire dans la vie et dans l'art, trouver une nouvelle langue et un nouveau langage. [...]
[...] L'adjectif cruelle est associé au mot puanteur alors qu'il ne devrait pas y être associé. Ceci évoque la connotation morale de la noirceur ainsi que les golfs sombres avec un rejet au vers 5 qui met en place une opposition avec le E Les golfs d'ombres montrent la profondeur de la noirceur possible qui peut vous engloutir et s'emparer de votre âme. Le A pour Rimbaud est répugnant comme une mouche sur un cadavre. Le E à l'opposé du A est blanc. [...]
[...] Le sang craché par la bouche est celui de la tuberculose. De plus l'idée de bouche est associée à celle des lèvres rouges. Le rire est appelé par associations sonores. Ici, le rire suggéré est éminemment sensuel grâce à la mention des lèvre belle qui sont soit dans la colère soit dans les ivresses pénitentes, ici aussi on a un tableau d'ensemble qui se décrit. Un amour malheureux, marqué par la beauté, avec des moments de rire mais aussi de colère. [...]
[...] Dans lesquelles Rimbaud écrit : je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et résonné dérèglement de tous les sens Et plus loin il continue en disant que pour transmettre ce qu'il voit, le poète doit trouver une langue particulière. Cette langue sera de l'âme pour l'âme résument tous parfums, sons, couleur, de la penser accrochant la pensée et tirant Ce poème est fortement influencé par la théorie des Correspondances de Baudelaire. [...]
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