Arthur Rimbaud est un poète dont l'oeuvre a été écrite entre 16 et 21 ans, qui n'a publié que quelques textes de son vivant. Il renonce ensuite à la littérature et quitte la France pour le moyen orient et ne rentrera en France que pour y mourir tragiquement, à 36 ans, à la suite d'une blessure et d'une amputation de la jambe. C'est Verlaine, son compagnon d'infortune un moment, qui fera publier son oeuvre dans la fameuse édition des « poètes maudits », en 1889. Il est l'auteur d'un recueil de poésies en vers, et d'un recueil célèbre de poèmes en prose d'une grande modernité, les Illuminations.
Ce sonnet en alexandrins intitulé « Le Mal » évoque la guerre franco-prussienne de 1870, et revêt un caractère polémique. Comme souvent dans cette forme fixe, les deux premiers quatrains présentent un aspect, le constat désabusé du chaos, tandis que les deux tercets mettent directement en cause le « mal », assimilé à « un Dieu ».
I- Le constat du chaos de la guerre
L'enjambement entre les deux premiers vers traduit la violence des combats, et la continuité des rafales. Cette violence est renforcée par les sonorités, des allitérations en [r] et en [f], des assonances en [i], et par les images, la personnification « crachats rouges », l'hyperbole « par l'infini du ciel bleu ». Le champ lexical du feu, avec « mitraille », « feu », « fumant » intensifie l'aspect désastreux de la situation, de même que l'idée de nombre, avec des expressions péjoratives, comme « en masse » ou « un tas ». (...)
[...] Rimbaud exprime sa révolte. Le malheur des uns fait le bien être des autres, et il ne faut pas compter sur le réconfort des religieux. Le mal est en eux aussi. Rimbaud exprime tout son anticléricalisme en même temps qu'il dénonce leur hypocrisie. Les rimes dans les tercets sont embrassées, effe, puis suivies, gg peut être pour mettre encore plus en évidence le désespoir des mères trop généreuses, qui font pourtant confiance à Dieu avec les termes noir et mouchoir aux connotation graves et sombres. [...]
[...] Le parallèle avec l'attitude du roi est évident, car c'est le même cynisme. Les religieux semblent totalement indifférents aux maux de la guerre, au désespoir pathétique des mères qui perdent leurs enfants ou leur mari dans la guerre, comme le montre le vers 11, avec le verbe s'endormir, à la rime, le verbe rire du vers qui fait songer au rire du diable et qui s'oppose à la détresse des victimes, ramassées dans l'angoisse et au verbe pleurer qui apparaît dans le vers 13. [...]
[...] Arthur Rimbaud (1854-1891), Poésies. LE MAL Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ; Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu'une folie épouvantable, broie Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ; - Pauvres morts! Dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie, Nature! Ô toi qui fis ces hommes saintement! . Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ; Qui dans le bercement des hosanna s'endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir! [...]
[...] En s'adressant directement à elle par un Ô lyrique, le poète ironise sur le caractère absurde de la guerre, Ô toi qui fis ces hommes saintement! . et les points de suspension renforcent le blâme tandis que l'adverbe saintement est également ironique puisqu'il annonce la mise en cause de la religion qui va concerner la seconde partie du sonnet. Ce quatrain par sa ponctuation et l'irrégularité des rythmes des vers donnent aussi un aspect chaotique à la situation. II- La mise en cause de la religion La principale de cette unique phrase qui constitue le poème, si l'on excepte les vers 7 et 8 au discours direct, n'apparaît qu'au vers 9 et met directement en cause un Dieu ce qui est renforcé par la virgule et le contre-rejet à la césure. [...]
[...] Ce sonnet en alexandrins intitulé Le Mal évoque la guerre franco- prussienne de 1870, et revêt un caractère polémique. Comme souvent dans cette forme fixe, les deux premiers quatrains présentent un aspect, le constat désabusé du chaos, tandis que les deux tercets mettent directement en cause le mal assimilé à un Dieu Le constat du chaos de la guerre L'enjambement entre les deux premiers vers traduit la violence des combats, et la continuité des rafales. Cette violence est renforcée par les sonorités, des allitérations en et en des assonances en et par les images, la personnification crachats rouges l'hyperbole par l'infini du ciel bleu Le champ lexical du feu, avec mitraille feu fumant intensifie l'aspect désastreux de la situation, de même que l'idée de nombre, avec des expressions péjoratives, comme en masse ou un tas La palette des couleurs contraste avec cette description, rouges bleu écarlates verts mais elle peut aussi évoquer les uniformes et les couleurs des drapeaux des belligérants. [...]
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