Commentaire composé du dénouement du Moine (de Lewis) par Artaud de la page 426 à la page 432, de « Quoique tiré des griffes de l'Inquisition » à la fin. Ce dénouement propose-t-il une ironie de la religion comme le fait tout ce roman ou propose-t-il une confirmation des idées protestantes de M. G. Lewis ?
[...] Les différents champs lexicaux ne sont pas plus rassurants, ils rejoignent l'horreur d'une mort atroce avec des termes tels que les cris broyé et mis en pièce mort charognes crever etc. Le style de l'excès gothique s'applique à tout le passage. L'accumulation est très présente : accumulation d'exclamatives dans le monologue du Diable, ainsi que les systèmes de réitération comme les parallélismes de construction ou les anaphores rhétoriques. * Le caractère changeant et ambiguë des personnages peut emmètre un bémol à l'aspect gothique de ce dénouement. Les deux personnages présents dans cette scène s'offrent sous un jour différent de celui attendu et montré dans tout le roman. [...]
[...] Son monologue nous le fait apparaître sous un jour inattendu. Ce démon, seigneur des ténèbres, offre des paroles telles que abominable hypocrite, parricide inhumain, ravisseur incestueux paroles de jugement basées sur la morale des idées chrétiennes. Le diable juge les actions du moine comme des actions négatives alors qu'il devrait s'en délecter. Ces paroles pourraient figurer dans la bouche de n'importe quel bon chrétien. L'ambiguïté de ces personnages et leur caractère changeant s'éloignent de la logique gothique du personnage type. [...]
[...] Mais quelques paroles de ce démon nous pousse vers une affirmation des pensées protestantes par une dénonciation de dérives du au catholicisme. Je me suis penché sur ton cœur ! J'ai vu que tu étais vertueux non pas nature, mais par vanité ! Cette phrase efface le caractère fataliste des actions du moine : c'est Ambrosio lui-même qui déclenche sa perte. Même si ses actions étaient bonnes, son cœur était mauvais. Cette vision est propre au protestantisme : Dieu regarde dans le cœur des hommes et non dans leurs actions s'il sont bons. L'hypocrite ne sera pas sauvé. [...]
[...] Elle se trouve dans le livre de Jean au chapitre huit et au verset sept. Elle est une adresse directe au lecteur mais elle fait aussi référence à l'attitude d'Ambrosio envers Agnès au début du roman. * * * L'aspect religieux très présent dans ce texte peut avoir différentes lectures. Celle de l'ironie, de la dérision présente dans tout le roman. Ou celle de la confirmation d'idées protestantes s'opposant aux préceptes catholiques. Les paroles du Diable ont un aspect du discours judiciaire. [...]
[...] Ambrosio apprend par le démon qu'Antonia était sa sœur et qu'Elvire était sa mère. Ce ne sont pas de simples crimes qu'Ambrosio a commit, c'est un inceste et un matricide. Nous retrouvons ici le mythe d'Œdipe et le châtiment qui va avec. Tantale et Prométhée se retrouvent dans le châtiment du moine : bientôt les aigles du ciel fondirent sur lui et le dévorèrent fait référence à Prométhée ; et il ne pouvait étancher la soif qui lui asséchait le sang nous renvoie au mythe de Tantale. [...]
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