L'engagement a certes pour but de dénoncer horreurs et injustices d'une époque : Zola affirmait dans "J'accuse" au moment de l'affaire Dreyfus « je ne veux pas être complice », mais a surtout pour but de faire réagir son public pour l'amener à remédier à ces injustices et à faire stopper les atrocités. Pour parvenir à ce but la politique dans une oeuvre doit avant tout retenir l'attention et marquer. L'artiste met donc en scène des éléments décalés par rapport au reste de l'oeuvre pour les mettre en avant, souvent brutalement, ce qui donne « quelque chose de grossier » et de dérangeant (...)
[...] La politique dans une œuvre d'art peut donc être également quelque chose de tendre, l'expression d'un espoir. Le poème Dit de la force et de l'amour d'Eluard commence avec des griefs : Entre tous mes tourments entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l'injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère Contrairement à beaucoup d'œuvres engagées Eluard ne rejette pas l'utilisation de la première personne et l'expression de sentiments personnels car pour lui le poète est celui qui inspire plus que celui qui est inspiré (l'Evidence poétique) mais l'engagement ne doit pas nier l'individu. [...]
[...] Les symbolistes sont à l'origine d'une nouvelle fonction de l'artiste. L'artiste symboliste n'est ni un artiste engagé ni un artiste totalement coupé du monde, retiré loin des hommes dont il n'a que faire. L'artiste est certes en retrait, à sa fenêtre, mais observe le monde et le sublime par la pensée et par l'art. Il s'agit de changer la boue en or. L'artiste est alors source de progrès intellectuel et moral mais ne s'implique pas dans la politique ou les questions sociales réductrices. [...]
[...] Pour traduire cet idéal trouvé il doit ensuite inventer un langage universel qui pourrait le traduire sans le trahir ni l'amoindrir. Il est confronté au même questionnement que l'artiste engagé grossier mais si ce dernier se contente d'un langage imparfait, adapté car il décrit de l'imparfait, l'artiste symboliste crée une langue idéale capable de tout traduire au travers de l'image : Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. [...]
[...] Il utilise le goût de l'époque pour l'orient et n'hésite pas à jouer sur des clichés : le sérail la sultane le djinn L'ensemble beigne dans une sorte de torpeur qui rend encore plus marquant le dernier quatrain : Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots. On verrait, en sondant la mer qui les promène, Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine . - La lune était sereine et jouait sur les flots. Hugo dénonce ainsi les massacres de Grecs par les Turcs en se servant du goût pour l'exotisme de ses compatriotes. [...]
[...] S'engager est également tenter de faire progresser l'humanité moralement et intellectuellement grâce à l'art et à la beauté. [...]
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