Ces critiques que nous étudierons découlent d'un contexte historique tout particulier en ce qui concerne la cité d'Athènes. En effet, les Athéniens ne supportant pas l'hégémonie de Sparte ont fait alliance avec Thèbes, Corinthe et Argos en 395 contre Lacédémone ; les hostilités de cette guerre de Corinthe duraient encore en 392 (quand la pièce a été représentée) avec des alternatives de succès et de revers. Pendant cette période, l'Assemblée était de plus en plus délaissée, et les prytanes avaient toutes les peines du monde à réunir le nombre d'assistants nécessaire pour la validité des votes. Telle était la société athénienne à cette époque : abaissement devant l'étranger, ruine des finances, désintéressement du bien public.
[...] alors, Praxagoras décide de prendre la parole, ce qu'elle fait avec habileté et virilité, comme le montre le commentaire de la l : Quel homme intelligent Et c'est alors que les femmes décident que c'est elle qui parlera à l'Assemblée . Les femmes prennent le rôle des hommes Les femmes présentent dans ce passage, sont habillées à la manière des citoyens athéniens et tentent de s'exprimer à leur manière. Pour mener à bien leur plan ces athéniennes se substituent donc aux hommes. Elles reproduisent les rites et les comportements masculins qui se faisaient à l'Ecclésia. Elles mettent une couronne (l. [...]
[...] Cette volonté de prendre le pouvoir est due, comme nous l'avons dit aux défaillances du peuple en matière de politique à cette période. Et en parlant de peuple, le protagoniste s'adresse aux citoyens athéniens dont les femmes critiquent la gestion de la cité. On peut illustrer ce mécontentement par la l : tous les décrets ont l'air d'avoir été pris par des gens ivres et déments Elles critiquent ici les lois que les hommes votent parce qu'elles ne sont pas justes et cohérentes. [...]
[...] Il est vrai que ce misthos ecclésiastikos avait était instauré pour faire face à l'absentéisme grandissant et l'on peut donc se demander si les citoyens ne venaient pas uniquement aux assemblées pour des raisons pécuniaires. A l'époque, on observait un comportement plus individualiste des citoyens, individualisme également critiqué par ces athéniennes aux l. 71-72 : Recevant en salaire l'argent de l'État, chacun de vous ne pense qu'à son intérêt particulier Selon Praxagora et ses camarades, les affaires de la cité sont mal menées principalement à cause de ce besoin financier des citoyens. [...]
[...] L'image d'une Athènes engagée dans une décadence par la corruption de ses dirigeants, telle qu'elle est décrite entre les l et 46, n'est pas neuve mais désormais, d'après les propos de Praxagora à travers lesquels Aristophane exprime certaines critiques, c'est l'ensemble du peuple qui est corrompu : Vous êtes, ô peuple, la cause de tous ces maux (l.70). Dans un premier temps Praxagora dénonce l'ensemble du peuple puis, dans un deuxième temps, elle présente l'arrivée des femmes au pouvoir comme l'unique moyen de salut. [...]
[...] La pièce dont est tiré notre texte, L'Assemblée des Femmes, qui est son avant dernière pièce, a probablement été représentée aux Lénéenes (février) de l'an 392. Aristophane y met en scène les femmes d'Athènes qui, à la fête des Sciries, fête féminine dédiée à Démeter, ont décidé de se rendre à la place de leurs maris à l'Ecclésia, afin de prendre le gouvernement de la cité, voter des lois justes et mettre en place une politique collectiviste. Dans le passage qui nous concerne, ces femmes athéniennes réalisent une sorte de répétition générale des discours qu'elles devront tenir à l'Assemblée. [...]
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