Argumenter frontalement, c'est placer son discours sous le signe de la clarté. Pour le locuteur, il s'agit d'exposer sa thèse et de l'étayer, en s'appuyant sur des arguments et des exemples précis. Dans le fragment "Imagination" des Pensées, Pascal condamne cette "maîtresse d'erreur et de fausseté" et bâtit un raisonnement structuré. Il commence par donner une définition de l'imagination pour ensuite énumérer les risques qu'elle présente pour la raison humaine (...)
[...] Dans Le Loup et l'agneau La Fontaine choisit de faire alterner discours direct et récit afin de créer une polyphonie, propre à ne pas lasser le lecteur. Les auteurs d'apologues manient donc avec art les ressources du récit afin de le rendre alerte et plaisant. [B. Invitation à une lecture participative] Recourir à une argumentation qui se sert du masque du récit, c'est inviter le lecteur à participer à la construction d'un sens. Il doit pratiquer une lecture intelligente et active du récit. [...]
[...] [Conclusion partielle et transition] Malgré le risque que prend l'auteur, qui mise sur l'intelligence du lecteur, l'argumentation sous forme de récit a plus de force que l'argumentation directe. En usant du voile du récit, elle réussit tout à la fois à plaire et à instruire. [Conclusion] Pour être efficace, la leçon ne doit pas être exhibée de façon, obsédante et trop explicite. Pour convaincre, mieux vaut donc illustrer son point de vue à travers une histoire que présenter directement ses arguments. [...]
[...] Mais elle peut aussi gêner un lecteur, qui, offusqué par une vérité qu'il ne partagerait pas, pourrait se fermer. La vérité peut offenser et le but de i l'argumentation est alors manqué. Ainsi, quand La Rochefoucauld publie ' 'ses Maximes, qui dresse un constat extrêmement pessimiste sur la nature ' humaine qui ne serait qu'hypocrisie et orgueil, il froisse bien des susceptibilités. Une lectrice contemporaine de l'auteur écrit [ . ] je trouve qu'il fait à l'homme une âme trop laide et de fermer le recueil des Maximes . [...]
[...] Par conséquent, sous le masque des animaux ou du merveilleux, s'écrit une vérité sur le monde des humains. [C. Les risques du récit à visée argumentative] Choisir le récit pour convaincre apparaît donc comme une forme efficace d'argumentation puisque le lecteur s'instruit en s'amusant. Cependant, cette stratégie argumentative peut comporter des risques. En effet, le lecteur, puisqu'il est invité à construire le sens ultime du texte, peut échouer. Ainsi, certaines transpositions ne sont pas faciles à effectuer. Dans La Cigale et la fourmi il est peu aisé de déterminer la symbolique de ces deux animaux. [...]
[...] Ainsi, le locuteur n'hésite pas à s'impliquer personnellement dans son texte : Giono, dans ses Écrits pacifistes, rédige une lettre ouverte aux paysans dans laquelle il tonne avec violence contre la guerre : Je n'aime pas la guerre Je déteste la guerre voilà les assertions qu'il ne cesse de marteler dans son discours. En recourant au pronom personnel de la première personne, ainsi qu'à des verbes modalisateurs, Giono déploie un registre polémique, dont la véhémence s'avère propre à emporter l'adhésion du lecteur. Face à tant de conviction, ce dernier ne peut rester indifférent. [C. [...]
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