Simplicité du vocabulaire qui se réfère à la nature éternelle, qui met en place des symboles nettement identifiables comme celui du « grillon » représentant la paix du foyer, le « blé sous la grêle », celui de la soumission aux tourments de l'occupation représentée comme un phénomène météorologique destructeur ou le « raisin muscat » qui symbolise l'abondance et la joie de vivre retrouvée. Cette chanson pour tous remet aussi à l'honneur un proverbe traditionnel « Qui vivra verra » (v.18) [L'important est de vivre pour pouvoir construire l'avenir] que tout le monde comprend (...)
[...] La litanie (longue énumération répétitive) est créée par les répétitions anaphoriques Celui qui / Lequel / Tous les deux / Fou qui Un refrain, qui revient à 10 reprises, à la façon lui-même d'une litanie et qui marque à la fois la différence (le singulier) et l'identité (par l'anaphore). Enfin, pas de blancs entre les vers, mais le refrain joue le rôle de 10 distiques (groupe de 2 vers) qui permettent de distinguer 9 couplets sous la forme de quatrains dont les rimes sont croisées. À la fin du poème vers se suivent qui ne sont pas interrompus par le refrain : ils constituent une sorte d' envoi (dernière strophe d'une ballade), comme dans les poèmes médiévaux. [...]
[...] Enfin, ce sacrifice est essentiel, et le sang des rebelles» n'est plus symbole de mort mais de vie, de régénérescence et de fécondation : c'est ce que suggère le rejet, au vers 52, Il coule il coule et se mêle / À la terre Il la féconde alors pour que mûrisse un raisin muscat Enfin le poème fait place au futur au vers 61 : Le grillon rechantera Le sacrifice des résistants est porteur d'espoir : la France renaîtra. Ce sacrifice pour l'idéal de la liberté, glorifié par le poète, suggère que la Résistance ne sera triomphante que dans une union transcendant toutes les idéologies. [...]
[...] Un appel à l'union qui passe par la musique des mots. D'abord par le titre La rose et le réséda qui sont deux fleurs différentes que réunissent des sonorités semblables, les allitérations en et La rose est, depuis l'Antiquité grecque, symbole de la renaissance et de la régénération (lien avec le mythe d'Adonis) et c'est pourquoi on dépose souvent des roses sur les pierres tombales. Quant au réséda (du latin resedare = calmer), il apaise (c'est une plante sédative et odorante, comme la rose), il rend la paix Les anaphores ont elles aussi pour fonction de rassembler les différences : Celui qui / Celui qui Lequel / lequel les héros sont présentés à la fois comme différents par le singulier des pronoms et liés par leur répétition. [...]
[...] Cette belle chanson fait mentir l'accusation de Benjamin Peret, un temps compagnon du groupe surréaliste, qui osa affirmer dans Le Déshonneur des poètes (pamphlet contre L'Honneur des poètes, recueil de textes de combat publié par Éluard en 1943) : Pas un de ces poèmes ne dépasse le niveau lyrique de la publicité pharmaceutique Aragon, avec La rose honore la poésie qu'il fait revenir à ses sources, la mettant ainsi à la portée de tous et, si les circonstances historiques ont été à l'origine de la composition du poème, s'il a été composé dans un but utile celui d'appeler à la Résistance en 1942, il a fait la preuve de son universalité, comme toute œuvre d'art : il nous parle encore aujourd'hui, sans être passé de mode, et apparaît comme un appel à résister à toutes les oppressions, de qui elles proviennent et d'où qu'elle soient. [...]
[...] C'est cette alliance de la rose et du réséda que glorifie Aragon. Derrière le symbole de l'amour courtois, l'amour de la patrie. Le mot France n'apparaît jamais mais La belle prisonnière des soldats en est l'allégorie. L'allusion s'éclaire avec la mention des lieux, au vers 58 De Bretagne ou du Jura La France est personnifiée sous la forme d'une belle pour qui deux amants brûlent d'un double amour et qui lui sont fidèles des lèvres du cœur des bras : ils font don de leur âme et de leur corps pour la liberté de la patrie. [...]
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