Une chanson entendue dans un certain contexte peut constituer un bon relais pour la mémoire. Il suffit souvent de réentendre le même air dans une autre situation pour que le souvenir associé à la mélodie réapparaisse dans son intégralité.
Louis Aragon semble faire d'une telle expérience le sujet du poème « Les larmes se ressemblent », publié en 1942 dans son recueil Les yeux d'Elsa. C'est, en effet, sous la forme d'une « romance » entendue autrefois sur les bords du Rhin, alors qu'il faisait partie du contingent de l'armée française (...)
[...] II- Le poète de 1942 comprend aujourd'hui, à partir de la défaite de on propre pays, un certain nombre de signes qui lui étaient jusqu'ici demeurés incompréhensibles : Aragon montre comment, la première Guerre mondiale faisant miroir à la deuxième, les larmes (des vaincus) se ressemblent II-1 Le texte fait état de l'incompréhension initiale de Louis Aragon II-2 Louis Aragon avait alors en face de lui un peuple vaincu et occupé comme l'est aujourd'hui en France II-3 L'occupation passé en Rhénanie fait miroir à l'occupation actuelle de la France : les larmes (des vaincus) se ressemblent III- Le poète identifie, dans cette double référence, une réversibilité des situations et appelle, sous une forme plus ou moins cryptée, à la Résistance à l'occupant nazi. III-1 Les situations historique sont réversibles. [...]
[...] Le texte se réfère aux paysages des bords du Rhin. D'entrée de jeu le ciel gris dans lequel le poète entrevoit des anges de faïence met en place un décor septentrional. On observe ensuite la présence du cadre spatial dans des terme relevant de la toponymie rhénane comme Mayence ville d'Allemagne occidentale située sur la rive gauche du Rhin , ou comme le Rhin noir ou même l'expression sur laquelle se clôt le texte : le silence rhénan ».S'il est vrai, par ailleurs que l'architecture monumentale des palais des églises n'a rien de spécifique à la région allemande des bords du Rhin, en revanche la double référence faite au jeune vin blanc des coteaux bordant le fleuve rhénan, vin blanc particulièrement réputé, et à l'alcool transparent des cerise dans lequel on reconnaît aisément le kirschwasser (soit l'eau de cerise en allemand), renforce incontestablement la couleur locale de ce poème et permet au lecteur de situer, sans effort, les souvenirs évoqués sur les bords de le vallée du Rhin. [...]
[...] J'avais vingt ans Quant au passé composé, il est encore plus significatif de la relation entre le passé et le temps présent, puisque le souvenir, tout en renvoyant au passé dont le poète ne parvient pas à se détacher totalement, est aussi ancré dans le moment actuel où le poète réalise son récit et où ce même souvenir continue de produire ses effets pour la conscience de l'énonciateur. Le poème prend enfin forme d'une romance. D-Production d'une conclusion Ainsi le poème de Louis Aragon, élaboré dans un contexte historique bien précis, n'est pas seulement ce qu'il veut apparaître en surface : une romance évoquant un souvenir plus ou moins personnel, rappelant les chansons entendues dans les années 20, lorsque le poète fit partie des troupes française occupant la Rhénanie. [...]
[...] III-2 Aragon fait usage ici d'une poésie de contrebande Destinée à déjoué la censure, cette manière de procéder est un moyen de faire passer clandestinement un discours reconnaissable par les seuls initiés. III-3 Le poète engage son lecteur à résister à l'occupant nazi. B-Production de l'introduction : Une chanson entendue dans un certain contexte peut constituer un bon relais pour la mémoire. Il suffit souvent de réentendre le même air dans une autre situation pour que le souvenir associé à la mélodie réapparaisse dans son intégralité. [...]
[...] Rappelons que le poète, alors âgé de 22 ans, fit partie des troupes françaises d'occupations de la Rhénanie, après la défaite de l'Allemagne. Le poème évoque ces souvenirs quelque 20 ans après. L'aspect autobiographique du texte ressort, avec évidence, de l'emploi de la première personne qui confirme l'identité entre le protagoniste et l'énonciateur du poème qu'est l'auteur. Par ailleurs, le réseau lexical de la mémoire et celui du passé, qui prennent en charge l'évocation des ces souvenirs sont d'autant plus facilement repérés par le lecteur du poème que la formule il me souvient est employée jusqu'à 3 fois dans le texte. [...]
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