Aragon, "Aurélien" : l'épilogue

Résumé du document

Nous allons voir pourquoi l'on peut affirmer que Bérénice s'avère être une obsession pour Aurélien. En effet, elle est une image quasi-fantomatique qui hante le protagoniste. Alors qu'Aurélien tente de se détacher de son emprise en enfouissant son secret, elle se présente dans toute sa splendeur à son esprit. C'est par le souvenir ou la rêverie que Bérénice s'intègre à la vie d'Aurélien, revenant à tout moment comme un leitmotiv (...)

Extraits

[...] Cependant, Aurélien ne peut se résoudre à archiver le souvenir de Bérénice car son pouvoir est trop fort et dépasse les frontières de l'espace et du temps : Ces deux mois là ( ) avaient chassé tout le reste de sa jeunesse. Ils avaient régné sur tout le reste de sa vie. Près de vingt ans. Ce passage s'achève par la reprise du thème des yeux fermés, achevant ainsi une structure en boucle : Quand il fermait les yeux, il retrouvait Bérénice.». Aurélien se rend compte que ses rêveries ne sont pas objectives et qu'elles ont transformé la réalité : Bérénice idéalisée. Conclusion : Par le biais des réflexions intérieures d'Aurélien, nous parvenons à connaître ses véritables sentiments. [...]

[...] Alors que son amour pour Bérénice paraît indiscutable, Aurélien semble devoir se persuader qu'il aime Georgette. D'ailleurs, cet amour est d'abord ancré dans le passé comme en témoigne le verbe aimer au passé antérieur : Il avait aimé puis, la pensée d'Aurélien se rectifie comme pour s'auto- persuader qu'il aime sa femme : il aimait Georgette Malgré l'affirmation de la puissance de ses sentiments envers Bérénice, Aurélien accuse les circonstances extérieures et essaie par là de justifier sa soudaine prise de conscience : s'il n'y avait pas eu la guerre Cette tentative est matérialisée par le groupe ternaire négatif : jamais rien su ( ) jamais revu ( ) jamais vu mais celle-ci est vaine car le caractère libérateur de la prise de conscience finit par être souligné : vu clair dans son cœur À partir de ce moment, la pensée d'Aurélien se dévoile sans retenue au moyen de ses souvenirs. [...]

[...] La poésie de sa vie. Cette chose non accomplie Bérénice alors réifiée : chose s'éloigne encore un peu plus de la réalité. Elle s'apparente à une quête, à une mission mystique L'omniprésence et l'omnipotence d'une Bérénice pourtant absente physiquement Bérénice, malgré son absence physique dans la vie d'Aurélien, semble avoir exercé, durant les dix-huit années de séparation, une influence de tous les instants chez celui-ci. Elle est intervenue dans la prise de décisions du jeune homme, dans ses choix, et ce, de manière récurrente comme en témoignent le quantitatif et l'interrogation rhétorique : Combien de fois ( ) de faire ? [...]

[...] En ce qui concerne Georgette, elle n'est pas une tentative de remplacement de Bérénice : Il n'avait pas tout de suite connu Georgette. Elle ne semble pas être un remède au mal provoqué par Bérénice car elle n'est pas perçue de la même manière par Aurélien : Georgette était l'amour de sa maturité. Georgette est attachée au monde réel dans l'esprit d'Aurélien, elle est son quotidien et représente la stabilité : Ils s'étaient mariés en trente. Bérénice, quant-à elle, règne depuis dix-huit années sur la vie d'Aurélien mais il semble s'apercevoir qu'elle appartient au passé au moment de sa réflexion : Bérénice était l'unité de sa vie, sa jeunesse, ce qui survivait en lui de sa jeunesse. [...]

[...] Alors qu'Aurélien tente de se détacher de son emprise en enfouissant son secret, elle se présente dans toute sa splendeur à son esprit. C'est par le souvenir ou la rêverie que Bérénice s'intègre à la vie d'Aurélien, revenant à tout moment comme un leitmotiv La prise de conscience de l'amour qu'Aurélien porte toujours à Bérénice C'est par le rapprochement physique imminent que la prise de conscience d'Aurélien s'opère : Maintenant qu'il approchait de R Le discours intérieur, discours indirect libre, commence à partir de : Aurélien savait En effet, il n'est alors plus question de doute ni d'incertitude quant à l'amour que le jeune homme voue à Bérénice. [...]