Présentée sous l'Occupation allemande, pendant la seconde Guerre Mondiale, la pièce de théâtre Antigone, de Jean Anouilh, s'inspire de la tragédie antique de l'auteur grec Sophocle. Essentiellement théâtrale, l'oeuvre d'Anouilh révèle un pessimisme profond, mais connut un grand succès auprès du public. Fille du roi Oedipe et de Jocaste, la jeune Antigone est en révolte contre la loi humaine, qui interdit d'enterrer le corps de son frère Polynice. C'est un personnage en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité. Le prologue d'Antigone, servant de scène d'exposition, est un texte insolite, dont l'étude n'est pas sans intérêt. C'est pourquoi, après avoir évoqué ce qu'apprend le lecteur grâce à cette scène d'exposition, nous montrerons combien cette scène d'exposition est originale. Enfin, nous analyserons les sens et les enjeux de cette présentation, dans le cadre de la reprise d'une pièce antique.
[...] Ainsi, cette scène d'exposition, prend la forme insolite d'un prologue. L'auteur va jusqu'à personnifier ce Prologue, et ce personnage nous donne de nombreuses informations, notamment sur la nature de cette pièce, qui est une tragédie. Certes inspirée de l'Antigone de Sophocle, l'Antigone de Jean Anouilh se démarque néanmoins assez significativement de cette tragédie antique, ce qui constitue son grand intérêt littéraire. A travers cette pièce, le personnage d'Antigone nous questionne : Doit-on donner sa vie pour l'honneur et la mémoire des siens ? [...]
[...] 16) d'Antigone, Créon, le roi (l. est aussi son oncle (l. Hémon est son fiancé (l. 23). Cependant, les personnages ont une individualité prononcée : ainsi, Antigone est décrite à l'aide de modalisateurs négatifs comme maigre noiraude renfermée (l. 7). C'est donc l'archétype de l'antihéros. A l'inverse, Ismène, sa sœur, et Hémon, son fiancé, bavard[ent] et ri[ent] (l. 17). Enfin, Créon est fatigué (l. 45) et ridé. Ces quatre personnages apparaissent comme les personnages principaux, appartenant à une même famille. [...]
[...] L'ouvrage tout entier d'Anouilh est donc inspiré d'une œuvre antique, et en conserve les principales caractéristiques. Néanmoins, par rapport à cette œuvre antique, l'auteur a une volonté de se démarquer évidente. Cette volonté apparaît de multiples manières : en premier lieu, le registre de langue employé est courant, voire familier : la petite maigre (l.3) ; il n'y a rien à faire (l. 13) ; Voilà (l. ; il a été trouver Antigone (l. 29) alors que dans une tragédie classique, le registre de langue est, en forte majorité, soutenu. [...]
[...] Enfin, nous analyserons les sens et les enjeux de cette présentation, dans le cadre de la reprise d'une pièce antique. Le prologue d'Antigone permet au lecteur d'obtenir de nombreuses informations sur l'intrigue de la pièce. D'abord, nous apprenons des détails importants sur les différents personnages. Ainsi, le personnage éponyme, Antigone, est aussi le personnage principal, c'est son histoire qui sera racontée : Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone (l. 1-2). De plus, la plupart des autres personnages font partie de sa famille, en effet, Ismène est la sœur (l. [...]
[...] 21) ; Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas 3). Dans la scène d'exposition, les personnages sont donc en arrière plan, et ne dialoguent pas vraiment. Ils ne nous donnent pas d'indications sur l'intrigue, contrairement à la tradition théâtrale, ce qui rend ce prologue original. Enfin, l'auteur choisit, dès le début de sa pièce, de briser l'illusion théâtrale. Tout d'abord, le simple fait que la scène d'exposition soit un monologue, ou presque, constitue une curiosité. En effet, le topos de toute pièce de théâtre en matière de scène d'exposition est un dialogue entre deux personnages ou plus, nous révélant peu à peu l'intrigue. [...]
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