S'inspirant de la tragédie de Sophocle, Jean Anouilh reprend, en 1944, le mythe d'Antigone et le transpose à l'époque moderne. L'héroïne éponyme a désobéi à Créon en allant faire le rituel funéraire sur le corps de Polynice. Un garde l'annonce au roi qui doit alors appliquer la sentence de mort. L'action est interrompue par le Choeur.
Cette tirade du Choeur présente l'intérêt d'une argumentation au travers d'un monologue structuré en deux paragraphes respectivement consacrés à la tragédie puis à sa comparaison au drame.
Comment l'intervention du Choeur propose-t-elle une réflexion théâtrale et une mise en valeur du genre tragique par opposition au drame ? (...)
[...] Seul le destin et l'auteur sont responsables. Les personnages ne sont donc pas coupables on est tous innocent c'est une question de distribution L'auteur utilise un vocabulaire théâtral, il dévoile les recettes de la tragédie pour désacraliser et démystifier le spectacle. La tragédie est donc liée à la fatalité. Son point de départ est insignifiant, exprimé de manière familière à la ligne 3 avec petit coup de pouce rien et renforcé par l'utilisation d'articles indéfinis aux lignes 3 à 6 : un regard, une fille, une envie d'honneur, une question Ce sont des éléments déclencheurs à la fois anodins et fugaces qui font référence implicitement à la pièce : une fille lève le bras renvoie au geste de révolte d'Antigone, l'envie d'honneur fait penser à Polynice, enfin la question de trop est celle de l'héroïne. [...]
[...] L'héroïne éponyme a désobéi à Créon en allant faire le rituel funéraire sur le corps de Polynice. Un garde l'annonce au roi qui doit alors appliquer la sentence de mort. L'action est interrompue par le Chœur. Cette tirade du Choeur présente l'intérêt d'une argumentation au travers d'un monologue structuré en deux paragraphes respectivement consacrés à la tragédie puis à sa comparaison au drame. Comment l'intervention du Chœur propose-t-elle une réflexion théâtrale et une mise en valeur du genre tragique par opposition au drame ? [...]
[...] Ces deux mots battent la mesure d'un mouvement que le Voilà du Prologue avait mis en branle. Le Chœur exprime la conviction de la fatalité des évènements, du déterminisme auquel est soumis Antigone. La tragédie est comparée à une machine au fonctionnement parfait grâce à l'utilisation du champ lexical de la mécanique ressort, se dérouler, démarre, roule, minutieux, bien huilé C'est une métaphore filée sur 8 lignes qui donne l'image d'un fonctionnement tragique préréglé, mécanique, qui bascule la notion ancienne de fatalité divine, dans la tragédie, vers une notion de nécessité, sans intervention des dieux. [...]
[...] Par opposition à cette fatalité à laquelle est soumise la tragédie, l'espoir anime le drame. Il est qualifié de manière dénigrante à la ligne 22 avec sale espoir Le drame, est un genre littéraire qui a remplacé la tragédie du 17 ème siècle. Les personnages y sont différents des héros de légende c'est pour les rois dans la tragédie. Le Chœur énumère les types de personnages du drame avec une accumulation de démonstratifs dépréciatifs aux lignes 15 et 16 : ces traites, ces méchants, cette innocence persécutée,ces méchants ces vengeurs l'emploi des terre- neuve qui sont des chiens renforce cette dépréciation. [...]
[...] Cette idée est mise en valeur à la fin du monologue il n'y a rien à tenter Face à cette absence d'espoir, la tragédie produit paradoxalement un soulagement : on est tranquille aux lignes 7 et 19, qui est aussi marqué par l'utilisation du champ lexical de la tranquillité avec la reprise du terme reposant aux lignes 14 et 21, commode et c'est sur Une fois le processus engagé le héros se révèle on a plus qu'a crier à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire Il y a une prise de conscience du destin et du désespoir qui l'accompagne. Ces propos caractérisent les manifestations du tragique au théâtre. [...]
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