Cette scène s'articule nettement en deux parties : Créon essaie de convaincre sa nièce que son geste est absurde et il y parvient jusqu'au moment où il évoque le "bonheur". Ce mot provoque aussitôt une vive réaction d'Antigone. Cet extrait semble entériner l'échec de Créon, et dévoiler la véritable personnalité de la jeune femme (...)
[...] Cette scène s'articule nettement en deux parties : Créon essaie de convaincre sa nièce que son geste est absurde et il y parvient jusqu'au moment où il évoque le bonheur Ce mot provoque aussitôt une vive réaction d'Antigone. Cet extrait semble entériner l'échec de Créon, et dévoiler la véritable personnalité de la jeune femme. Ce passage nous montre l'opposition entre les deux personnages, la croissance de l'intensité dramatique et le renversement de situation, enfin le heurt de deux conceptions du monde. [...]
[...] Quelle femme deviendra- t-elle, la petite Antigone? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse, elle aussi, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre? Qui devra- t-elle laisser mourir en détournant le regard? CREON, haussant les épaules. : Tu es folle, tais-toi. ANTIGONE : Non, je ne me tairai pas! Je veux savoir comment je m'y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. [...]
[...] Il n'y a pas de didascalie dans cette partie. Tandis que la seconde est dominée par la parole de l'héroïne, et le volume des répliques s'inverse. Les nombreuses interrogations, les exclamations et les répétitions montrent qu'elle s'emporte véritablement, après une réplique où les nombreuses interrogatives, les parallélismes, les anaphores à qui, à qui et les énumérations la rendent pathétique. Il y a donc un changement très net de l'attitude des personnages. On sent, y compris dans la structure, que quelque chose vient de basculer. [...]
[...] ANTIGONE : Si, je sais ce que je dis, mais c'est vous qui ne m'entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d'un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit) Ah! Je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d'un coup! C'est le même air d'impuissance et de croire qu'on peut tout. La vie t'a seulement ajouté tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi. [...]
[...] C'est pour cela que je buvais tes paroles. J'écoutais du fond du temps un petit Créon maigre et pâle comme toi et qui ne pensait qu'à tout donner lui aussi . Marie-toi vite, Antigone, sois heureuse. La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote, assis au soleil. [...]
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