L'oeuvre d'Anouilh comporte donc des dosages variés de rose et de noir, il alterne fantaisie et génie comique avec son profond pessimisme. Ses ouvrages sont des révoltes contre tout ce qui porte atteinte à la pureté des êtres. Dans Eurydice, le couple Orphée/Eurydice, malgré un amour mutuel ne résiste pas au souvenir de l'inconduite passée : seule la mort peut leur permettre de se rejoindre enfin (...)
[...] Le registre courant et familier est utilisé dans cette pièce, comme dans le vaudeville ou dans la comédie naturaliste. On trouve également une forme d'interventionnisme de l'auteur à travers le Chœur qui se livre à des constats ou à des critiques morales. Le genre : Cocteau et Giraudoux ont précédés Anouilh dans le refus entre le comique et le tragique. Il y a une oscillation entre les deux genres, mais le tragique l'emporte à la fin de l'œuvre. L'ambiguïté du genre est à mettre en relation avec la vie des gens de ces années. [...]
[...] Il est représenté chez Anouilh par un seul acteur (contre quinze chez Sophocle) qui compatit avec les personnages ou se met à distance par rapport à eux ; au moment de la crise entre Créon et Antigone, le Chœur arrive et explique sa conception de la tragédie, puis à la fin de la pièce, il vient tirer la morale de l'histoire. Le style : Antigone a un style sobre, en accord avec la simplicité du décor. Du point de vue syntaxique, on trouve beaucoup de parataxes (juxtaposition de phrases sans connecteurs logiques, phrases courtes). Présence de déictiques (mot + geste). [...]
[...] Sur le plan esthétique, Anouilh et son metteur en scène étaient parfaitement en phase. Antigone est inspirée de l'ébauche d'un type d'héroïne apparue dans La Sauvage : Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m'empêchera d'être heureuse et elle part, toute menue, pour se cogner partout dans le monde Une intrigue empruntée à l'Antiquité : Cocteau avait déjà écrit une Antigone en 1923, puis une version d'Orphée en 1928, Giraudoux avait publié La Guerre de Troie n'aura pas lieu et Electre. [...]
[...] Dans Antigone, c'est la vie elle-même qui est rejetée, comme incompatible avec l'exigence nostalgique de la pureté. Dans L'Hermine, Le Voyageur sans bagage ou La Sauvage, Anouilh a créé la figure principale de son univers dramatique : un héros hanté par la nostalgie de l'adolescence, refusant de sacrifier la pureté de son ambition et de ses rêves aux compromissions d'une vie qui ne pourrait que l'avilir. Le personnage d'Antigone donne à cette figure la consécration du mythe antique : Créon, sensible aux impératifs de la vie sociale et politique, fait ressortir l'absurdité et la noblesse du geste de la jeune fille. [...]
[...] En 1937, Anouilh rencontre Pitoëff et Barsack qui l'initient au métier de metteur en scène. Antigone est écrite en 1942 et représentée le 4 février 1944 au Théâtre de l'Atelier chez Dullin, mais dans une mise en scène de Barsack. Ce dernier applique les principes de style de Jean Cocteau, énoncée en 1913 dans un Manifeste pour la création du Vieux Colombier : Les servitudes de la scène et son grossier artifice agiront sur nous à la façon d'une discipline en nous forçant à concentrer toute vérité dans les sentiments et les actions de nos personnages. [...]
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