Commentaire niveau Lycée sur la scène 1 de l'acte I d'Antigone de Jean Anouilh, montant l'originalité de ce prologue.
[...] Anouilh cherche donc, au travers de cette première scène, à dérouter son spectateur au moyen du procédé du théâtre dans le théâtre emprunté à l'écrivain italien Pirandello. Cependant, l'originalité de l'ouverture de la tragédie d'Antigone n'empêche pas cette dernière de répondre aux caractéristiques d'une scène d'exposition en fournissant au spectateur un nombre important de renseignements. Le Prologue présente les personnages un à un, d'une façon elle aussi, très particulière et très inhabituelle au théâtre. En effet, il les décrit dans un premier temps, en jouant et en insistant sur les oppositions entre les différents protagonistes. [...]
[...] En effet, les protagonistes ne sont plus fictifs et puissent toute leur réalité au cœur de l'âme et du corps des acteurs qui les interprète. Le prologue se sert alors de l'ambiguïté des pronoms personnels pour décrire l'action des personnages et place alors le spectateur dans une situation déconcertante, ne savant plus qui de l'actrice ou du personnage est réellement décrit comme l'illustre la phrase : elle regarde droit devant elle. Anouilh voit donc au travers du procédé du Prologue, un moyen d'annoncer à son spectateur la réécriture ainsi que le renouveau apporté au mythe d'Antigone. [...]
[...] En effet, Antigone et Créon sont tous les deux associés à la solitude et la tristesse tandis qu'Ismène et Créon apparaissent comme des personnages superficiels ayant un goût prononcé de la danse et des jeux du bonheur et des la réussite En plus du jeu d'oppositions, le Prologue associe en parallèle, le personnage à son acteur et en particulier à son physique et sa personnalité. Anouilh attire de cette manière l'attention du spectateur sur le couple indissociable que forme le personnage et l'acteur puisqu'en effet c'est au travers du corps de l'acteur que surgit et prend vie le personnage. [...]
[...] Cet écart ainsi que les nombreux changements apportés par Anouilh au mythe d'Antigone désacralise alors ce dernier tout entier comme l'avait fait Jean Cocteau en 1934 avec le mythe d'Œdipe dans la Machine infernale. [...]
[...] L'Antigone d'Anouilh est écrite en prose et dans un registre de langue contemporain voire comme nous l'avons évoqué, familier. Le spectateur est ainsi confronté à de nombreux anachronismes, aussi bien dans l'attitude des personnages qui tricotent et jouent aux cartes ou encore aiment flâner chez les petits antiquaires de Thèbes que dans leur condition, Créon étant décrit comme un ouvrier au seuil de sa journée En outre, la description faite par le prologue se focalise essentiellement sur les personnages et le contexte du mythe est simplement évoqué par une allusion au temps d'Œdipe et à la ville de Thèbes Anouilh apporte alors au contexte mythologie un nombre important de changements tels que la péripétie du soir de bal De plus, si l'ouverture d'Antigone sollicite à tel point l'attention des spectateurs du XXème siècle, il en résulte en avant tout d'une nouvelle approche de la pièce. [...]
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