Commentaire composé sur un extrait d'Antigone de Jean Anouilh. Extrait étudié : passage ou Créon et Antigone sont confrontés et parlent à propos du bonheur.
[...] Antigone, plutôt que le bonheur, cherche donc une vérité forcément tragique. Antigone a de l'existence une vision tragique : elle est prise, comme tout personnage de tragédies, entre 2 exigences contradictoires, comme le prouve le parallélisme de construction dans : je veux ( ) ou alors je refuse ! (l.24-25) et je veux ( ) ou mourir (l.27-30). La conjonction de coordination oppose bien 2 choix, tout 2 extrêmes. La référence à la mort est évidemment propre à la tragédie ; le tiret qui précède le verbe marque d'ailleurs la rupture. [...]
[...] Antigone est en effet un personnage qui incarne la démesure : c'est un personnage excessif, et en ce sens tragique. Elle se classe elle-même dans la catégorie des héros tragiques en affirmant nous sommes de ceux par 2 fois (l.31-32, l.34-35). Le verbe être est ici employé pour définir leur singularité, celle de l'excès, et le nous s'oppose au vous dont on a déjà étudié l'emploi. Ce nous est lié à des hyperboles, comme jusqu'au bout (l.32), jusqu'à ce qu'il (l.33). [...]
[...] Antigone s'impose comme une héroïne tragique dans son affirmation très forte, comme dans Si, je sais (l.1). Ses questions d'ailleurs n'en sont pas : elle ne doute pas un instant, car lorsqu'elle demande Pourquoi (l.12), elle répond elle-même Parce que (l.12) : si cette autre phrase est interrogative, elle passe de l'interrogation à l'affirmation, de Parce que tu sais ( ) ? à Tu sais que (l.14) : ainsi, elle n'affirme pas seulement son opinion, elle expose aussi celle des autres : on passe du verbe savoir à la première personne, au même verbe à la deuxième personne. [...]
[...] ANTIGONE Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que Tu sais que j'ai raison ? Tu crois que je ne lis Pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que J'ai raison, mais tu ne l'avoueras jamais parce Que tu es en train de défendre ton bonheur En ce moment comme un os. CREON Le tien et le mien, oui, imbécile ! ANTIGONE Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. [...]
[...] Il s'agit bien d'une polémique puisqu'on à l'opposition de 2 thèses, comme le prouve l'emploi du verbe défendre l.16 : tu es en train de défendre ton bonheur Notons ici aussi l'emploi de la deuxième personne du singulier : sont en présence de 2 interlocuteurs qui s'affrontent très violemment : alors qu'elle commence par vouvoyer Créon, comme on le voit dans c'est vous qui ne m'entendez plus Antigone le tutoie très vite, par exemple à la l.6 avec je te vois à 15 ans : elle se met à son niveau, elle l'attaque par mépris. La violence se traduit ensuite, verbalement, par les interjections comme Ah ! (l.5 et et les très nombreuses exclamations qui vont exprimer la colère ou l'exaspération, comme dans Oui, je suis laide ! ou enfin ? (l.11) qui va souligner l'exaspération. On peut relever encore les insultes de Créon, comme imbécile ! (l.18) ou tu es laide (l.39). [...]
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