Lecture thématique du roman de Stendhal nourrie essentiellement par l'étude des deux protagonistes féminines que sont Madame de Rênal et Mathilde. Une analyse comparative de leurs entrées dans le roman est ici faite, de même pour leurs positions sociales respectives, et leurs manifestations amoureuses jusqu'à l'épisode final dramatique.
[...] Veut-elle le mettre à l'épreuve ? Est-elle irréfléchie ? Manque-t-elle à ce point de sens commun ? Veut-elle lui rendre ce qu'elle a souffert ? Elle jouit de sa souffrance. Et l'assurance de l'amour de Julien pour elle transforme tout : elle le méprise. Le terme de mépris est répété plusieurs fois pour bien montrer au lecteur que ce sentiment inonde Mathilde. La vue même de Julien lui est désagréable. Mais elle se place tellement au-dessus du commun "un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée du vulgaire", et sans doute Melle de la Mole s'accorde-t-elle beaucoup de génie. [...]
[...] Madame de Fervaques, sans le savoir, joue le faire-valoir. C'est pour atteindre Mathilde qu'il fait étalage de ses dons oratoires devant la maréchale. Mathilde est comblée par sa conversation de salon. Et pourtant, un moment, elle se résigne à s'engager avec le marquis de C., sans amour, alors que dans son coeur, c'est Julien qu'elle considère comme son mari. Mathilde aussi luttera pour obtenir une position sociale à Julien. Grâce à l'appui et à la fortune de son père, elle obtient pour lui : un nom (Sorel de la Vernaye) ; un titre (lieutenant de hussards à Strasbourg) ; une fortune (M. [...]
[...] Qui peut dire laquelle de ces deux femmes a aimé le plus, le mieux ? Leur dénominateur commun est l'amour qu'elles ont toutes deux porté à Julien. Si certaines de leurs qualités ou de leurs défauts féminins ont pu paraître semblables, il est indéniable que leur vie a pris des cours différents. L'âge, l'origine sociale, la fortune, l'environnement, la culture même : tout les différenciait. Si Mathilde a porté son enfant, c'est Mme de Rênal qui lui offre le plus doux souvenir et c'est elle qui reçoit ses dernières pensées. [...]
[...] Madame de Rênal doit rencontrer le sien souvent. Elle se confesse. Et à qui d'autre que lui pourra-t-elle avouer sa faute ? Après les quatorze mois de séparation, elle revoit Julien. Elle le repousse et lui dit ne plus avoir de sentiments pour lui. Elle craint à nouveau la colère de Dieu. Elle a avoué sa faute à M. Chélan ; elle lui a remis les lettres écrites pour Julien. C'est à Dieu encore qu'elle pense. Elle a compris son péché, dit-elle, grâce à ce prêtre. [...]
[...] en profite pour régler ses comptes avec Elisa et Valenod dans les confidences qu'elle fait à son mari. Cependant, Mme de Rênal, en mettant au point sa contre-attaque est égoïste, car elle ne se préoccupe pas de la douleur morale de son mari, elle n'hésite pas à calomnier Elisa, elle déterre la liaison ancienne Elisa/Valenod et exhume les lettres d'amour, plates et banales que Valenod lui envoyait jadis. Mais l'on sent que Mme de Rênal a mûri ; elle devient diplomate, et même calculatrice. [...]
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