Étude de l'illustration de Gustave Doré de la Belle au bois dormant qu'il fait des Contes de Charles Perrault. Cette analyse d'image est rédigée. Elle met en parallèle le texte de Perrault et le travail de Doré. Doré est-il fidèle au texte de Perrault ? Ajouts ? Modifications ? L'image choisie est celle où l'héroïne va se piquer au fuseau d'une vieille femme. Cet exemple précis de l'oeuvre de Doré est utile pour comprendre l'ensemble des procédés qu'il utilise dans ses gravures et pour comprendre les divers sens que l'on peut comprendre en voyant la gravure.
[...] Elle ne prête pas attention à la Belle, l'ignore presque. Or dans le conte la bonne femme semble pourtant innocente, elle n'a pas ouï parler des défenses roi et s'adresse à l'enfant. Mais représentée assise comme la mère-grand du frontispice elle pourrait aussi bien être la conteuse assise dans son fauteuil. Le caractère ambivalent de la bonne vieille renforce donc cette atmosphère mystérieuse, presque angoissante. La princesse quant à elle n'est plus une enfant, et est peu représentée dans les autres illustrations. [...]
[...] Ces différences visibles entre texte et dessin cachent aussi d'autres messages plus subtils que le conte ne développe pas. Enfin l'illustration peut aider le lecteur à décrypter la symbolique de ce passage grace à la mise en évidence du fuseau. Tout d'abord cet objet principal peut être vu comme une activité propre à la femme au temps de Perrault, le thème de la féminité est alors repris. Les traits du visage de la princesse ne sont plus ceux d'une fille mais d'une femme. [...]
[...] Le sommeil symboliserait alors l'adolescence où la Belle serait enfermée comme l'oiseau dans la cage. Cette cage peut aussi faire écho à l'enfermement de la vieille, enfermement physique dans le galetas mais aussi dans sa condition. En effet, la proximité des deux femmes donne l'impression que la jeune fille va prendre peu à peu la place de la fileuse et donc vieillir. De plus, la fileuse peut évoquer le mythe de l'une des Parques qui tissent le destin des hommes. [...]
[...] La légende au bas du texte marque bien le lien précis entre image et texte, or elle ne représente pas seulement la vieille qui n'avait point ouï parler des défenses que le roi avait faites de filer au fuseau mais aussi la Belle qui s'apprête à toucher le fuseau. En effet, cette gravure n'est pas une simple représentation du texte, les ajouts témoignent de l'interprétation personnelle de Doré. Il ne donne pas une vision magique, féerique du conte de fée mais plutôt fantastique. Doré situe ses personnages au Moyen-Age. Leurs vêtements évoquent en effet cette période propice à la réalisation d'évènements surnaturels. [...]
[...] Le fuseau, instrument funeste, matérialise son sommeil futur, l'accomplissement du sort. La princesse avance son doigt, et évite la quenouille qui aurait pu être un obstacle. Doré insiste ainsi sur l'impossibilité d'échapper au destin. En effet, Perrault évoque l'Arrêt des fées (qui) l'ordonnait ainsi quand Doré rend cette fatalité par une image qui semble écrasée, une profondeur du champ nulle. Dans cette pièce exiguë, le cadrage est resserré sur les deux personnages proches, derrière elles les trois animaux peuplent l'image, et enfin la lourde porte fermée n'offre aucune échappatoire. [...]
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