Les Amours de Psyché et Cupidon, La Fontaine, Jean de La Fontaine, fable, poème
Ce passage, avant dernier du livre premier, est situé avant celui du commentaire des quatre amis, dont le narrateur. Il constitue la faute de Psyché, qui brave l'interdit du regard que lui avait fixé son mari Cupidon. Il s'agit d'un passage clé de l'œuvre de La Fontaine, écrite en 1669, œuvre qui se situe à la frontière du roman et du poème. Le passage étudié ici met en avant la dimension érotique de la relation qu'entretiennent les époux, la curiosité fatale de la femme coupable, à qui Cupidon a interdit de le regarder, presque immédiatement suivie de sa punition.
[...] Le regard joue un rôle important dans la description par Platon de la naissance du désir amoureux. Le dieu Amour fait l'objet d'un « ravissement à l'esprit », cependant c'est bien le désir charnel, lié à la perfection du corps, qui motive l'épanouissement de Psyché. C'est la vue qui, par la surprise qu'elle provoque, parvient à empêcher le désir initial de meurtre entrepris par Psyché, pour le transformer en désir amoureux. Les frontières sont donc poreuses entre les pulsions freudiennes que sont Thanatos (pulsion de mort) et Eros (pulsion sexuelle) : une seconde a suffi pour passer de l'une à l'autre. [...]
[...] Une seule goutte d'huile aura suffi, le rejet du poignard n'ayant pas suffi à supprimer la faute. On remarquera aussi que la blessure du dieu prend un sens allégorique : l'homme trahi est brûlé, le feu. Le feu représente à la fois celui de la chaleur de l'huile (sens propre), celui de l'enfer (rappelant le mythe grec du regard interdit à Orphée sur sa belle Eurydice), et celui du désir amoureux. Le feu figure ici la triple dimension de la faute. C. [...]
[...] Les deux éléments de séduction semblent lui demander un baiser, même si, en réalité, c'est bien la conscience de l'héroïne qui agit et non les atouts physiques de Cupidon. B. Contemplation et discours intérieur Cependant, Psyché n'oublie pas le remords de son geste curieux et le danger qu'elle encoure de perdre celui qu'elle aime. C'est donc sans troubler le silence propre au sommeil que Psyché doit suivre le cours de sa contemplation qui, par là même, s'apparente au « songe » et à l'« illusion ». Ces deux substantifs témoignent de la dimension onirique de la contemplation. [...]
[...] Braver l'interdit de la curiosité Enfin, la thématique du regard revient en force chez la Belle fascinée, qui désire son mari plus que jamais : « il ly prit envie de regarder de plus près celuy qu'elle n'avait déjà que trop veu ». C'est plus fort qu'elle, l'épouse coupable poursuit et persiste dans sa curiosité : la sensualité du dieu a eu raison de sa lucidité. Oubliant le danger, elle n'écoute plus que ses inclinations spontanées, et, par maladresse, blesse involontairement son bien-aimé. B. [...]
[...] II- Surprise et prise de conscience A. De l'intention de meurtre au désir sexuel Le deuxième mouvement de cet extrait met en avant le désir pour Psyché d'accomplir ce que son « transport » a suscité en elle. Eveillée par « son plaisir » occurrences), elle ne pense plus à dépasser l'acte du regard (« veu », « voir » présents dans la même phrase) pour évoluer vers le sens du toucher. Ainsi, elle garde la lampe allumée. Cette lampe permet autant de voir qu'elle représente la lumière de la Vérité sur la Nature de son mari. [...]
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