L'Amérique dans les têtes : un siècle de fascination et d'aversion - D. Lacorne, J. Rupnik et M. F. Toinet

Résumé du document

Fiche de lecture sur le livre l'Amérique dans les têtes : entre fascination et aversion. Résumé des principales thèses de l'ouvrage (étude de l'antiaméricanisme français et de ses caractéristiques historiques et sociologiques fondamentales), puis analyse critique du livre.



Nous nous proposons de diviser notre démarche en deux parties : dans un premier temps, nous procéderons à un résumé de l'?uvre, en reprenant l'évolution adoptée dans le livre, pour étudier la démarche choisie par les auteurs. Dans une seconde partie, notre regard se fera plus critique : nous essaierons de fournir plusieurs éléments d'explication et d'analyse de cet ouvrage, afin d'en souligner les principaux apports, mais également les limites.

Extraits

[...] L'antiaméricanisme du général de Gaulle serait ainsi un sentiment nationaliste fort, teinté de réalisme, plus qu'une opposition systématique au géant américain. Néanmoins, ce qui semble le plus intéressant est de montrer que l'antiaméricanisme est bien plus conjoncturel que structurel, ce qui est encore le cas aujourd'hui. Par exemple, les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué un choc en France, qui s'est traduit par une sympathie marquée à l'égard des Etats-Unis. Mais, dès 2003, la question de l'intervention en Irak divise Français et Américains. [...]

[...] Il est vrai que cette période est caractérisée par le lien entre l'antisoviétisme et l'antiaméricanisme, inséparables. Cependant, on peut trouver des causes plus profondes à l'anti- américanisme, telles que l'habitude française de critiquer ses rivales et leur culture, ou encore l'opposition entre deux universalismes démocratiques. Ainsi, l'importance de l'anti-américanisme sert de baromètre à la vie politique française : quand la France est en bonne santé, elle entretient une bonne image des Etats-Unis, et inversement. Nous nous proposons de diviser notre démarche en deux parties : dans un premier temps, nous procéderons à un résumé de l'œuvre, en reprenant l'évolution adoptée dans le livre, pour étudier la démarche choisie par les auteurs. [...]

[...] Dans les années 1950, la déception française concernant l'alliance avec les USA et le développement de l'Europe économique et politique favorisent l'éloignement vis-à-vis des Etats-Unis. L'antiaméricanisme qui émerge alors en France favorise l'arrivée au pouvoir de de Gaulle. Cependant, celui-ci se caractérise, non pas par un rejet pur et simple des valeurs américaines, mais par le refus de l'américano-dépendance marqué par un sentiment national fort. Si bien que l'on peut définir cette attitude comme du réalisme politique plus que comme un antiaméricanisme virulent, ce qui se traduit par une politique étrangère orgueilleuse ; ce n'est pas sans entraîner des tensions transatlantiques, en particulier sur la question du colonialisme. [...]

[...] Tout d'abord, et c'est probablement le plus important, la question d'une définition rigoureuse de l'antiaméricanisme ne se pose que dans l'ultime partie de l'ouvrage. Certes, il est évident qu'il n'est pas aisé de définir ce concept, mais, pour les bienfaits de la démonstration, cette tentative de définition aurait dû intervenir au début, semble-t-il. Même si cette tentative se conclut par un échec, elle souligne l'importance du livre, son enjeu, et explique le pourquoi de sa rédaction. Ensuite, l'analyse théorique, nécessaire, devrait remonter jusqu'à l'origine, la création des Etats-Unis, et étudier le rôle que la France a joué dans l'indépendance de l'ex-colonie britannique. [...]

[...] Il s'agit, encore une fois, d'un anti-américanisme fortement influencé par le contexte international. Mais, en plus d'être culturel, il devient alors également politique (forte critique du plan Marshall), sous l'égide d'une littérature très critique à l'égard des Etats-Unis ; A. Salacrou, écrivain, parle par exemple d'un peuple robotisé, aseptisé, et sous le règne du dollar. Ceci reflète la crainte de l'extinction de la culture et de la civilisation françaises. Cependant, cette troisième vague d'antiaméricanisme résulte d'une absence de connaissance réelle des Etats-Unis et se base sur les mythes et les stéréotypes américains. [...]