Dans "Ondine", Aloysius Bertrand, créateur du poème en prose, évoque la visite que lui aurait rendu cette divinité de l'eau, pour lui proposer de l'épouser et de devenir le "roi des lacs". On peut mentionner que ce poème a inspiré Maurice Ravel, qui lui consacre la première des pièces pour piano de son Gaspard de la Nuit. L'ensemble se compose de cinq strophes courtes, séparées en deux ensembles par un blanc plus important et une étoile typographique après la troisième (...)
[...] Elle n'est pas décrite physiquement, car comment représenter une femme liquide ? Seul son palais est évoqué : il est bâti fuide et cet oxymore défe l'imagination de se représenter des murailles d'eau, un palais magique taillé dans le liquide. La fuidité qu'évoque Ondine se retrouve aussi dans la répétition régulière et harmonieuse du son l. 7-8 : mon père d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls : on croirait entendre le clapotis de l'eau contre les herbes du bord. [...]
[...] du début, puis de la l mais aussi dans l'évocation sonore du royaume des ondins dans la troisième strophe : l'étang coasse, la branche frappe l'eau, les ondines se moquent du saule. Dernière étape de sa tentative de séduction, Ondine se donne au poète par la métaphore érotique du doigt et de l'anneau, l Face à la séduction magique d'Ondine, nous ne savons pas ce que ressent le poète : la première partie ne rapporte que les paroles de celle-ci. [...]
[...] COMMENTAIRE COMPOSE Ondine Ecoute ! écoute ! C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi. Chaque fot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fuide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air. [...]
[...] Femme d'eau, reine d'un univers panthéiste, Ondine est la tentatrice, la séductrice, qui veut entraîner l'homme dans des profondeurs liquides et inquiétantes, en lui promettant une union chimérique et un pouvoir illusoire. Elle est aussi la femme-enfant impulsive, primesautière, tout à tour riante et boudeuse, vivant dans la magie et l'irrationnel. Dans l'imaginaire des mythes, elle est la sœur des sirènes des navigateurs, de la Mami Wata (Mama Water des légendes africaines, des naïades de la mythologie gréco-romaine, des flles du Rhin déjà mentionnées Ce poème, qui semble nous parler d'Ondine, nous parle en réalité de la femme et de la peur que l'homme en a. [...]
[...] En somme, l'énonciation elle-même fait disparaître Ondine à la fn Elle commence par séduire, ou tenter de séduire, le poète-narrateur. Elle l'appelle de l'extérieur, lui demande d'ouvrir sa fenêtre, ce qui lui permettrait de voir une mystérieuse dame châtelaine à son balcon. Une fois le contact établi dans la première strophe, elle entraîne progressivement l'imagination du poète dans les profondeurs du lac : sous la belle nuit étoilée le fot devient courant qui conduit au fond du lac ; elle l'entraîne enfn, dans la troisième strophe, dans l'intimité de sa famille en évoquant, de manière plaisante, son père et ses sœurs. [...]
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