Commentaire composé sur le chapitre 10 de "Livre de ma mère" d'Albert Cohen. Le commentaire est réalisé en trois parties principales, toutes détaillées.
Plan:
I- un registre lyrique
A- l'oscillation entre le discours et le récit
B- la musicalité des phrases
C- la situation d'énonciation
II- la nature de sa relation avec sa mère
A- le complexe social
B- le processus d'idéalisation
C- une relation d'exception
III- l'écriture autobiographique et l'expression de la douleur
A- l'écriture et le deuil
B- l'écriture et les remords
[...] Cependant, Albert Cohen se heurte avec douleur à l'impossibilité de revenir en arrière : l'écriture de ce texte semble être une tentative désespérée de revenir sur sa faute. Ainsi, l'emploi du conditionnel passé : j'aurai pu t'aimer traduit cette volonté impossible de refaire le passé. Une autre phrase fait s'entrechoquer de façon paradoxale le futur simple et l'infinitif passé ces pleurs que je ne pourrai jamais n'avoir pas fait couler Albert Cohen y avoue l'impossibilité de revenir en arrière. Néanmoins, l'écriture lui permet d'établir la fiction d'un dialogue rétabli avec sa mère (puisqu'il s'adresse à elle directement), ce qui peut le consoler. [...]
[...] On peut d'abord observer que le récit est minoritaire dans le texte, contrairement aux autobiographies traditionnelles. C'est le discours qui domine : il s'impose complètement dans le premier paragraphe, marqué par le présent et le futur simple de l'indicatif. En revanche, le passage au passé simple, puis au plus-que-parfait et à l'imparfait, au début du deuxième paragraphe, témoigne de la présence du récit, jusqu'à la ligne 15. Ensuite, le présent domine à nouveau dans la fin de l'extrait : Albert Cohen reprend son discours, où il privilégie l'expression lyrique de ses remords. [...]
[...] Dans le chapitre Albert Cohen exprime avec lyrisme ses remords, dans une prose poétique. Il a autrefois eu honte de sa mère, et regrette amèrement de lui avoir fait des reproches pour cette raison. Ce texte est frappant par le contraste entre sa douceur et sa douleur : douceur liée à la mère, à son amour, douleur liée à la mort et aux remords. Nous étudierons dans un premier temps le registre lyrique de l'extrait. Puis nous nous intéresserons à la nature de la relation entre Albert Cohen et sa mère. [...]
[...] Albert Cohen utilise des effets d'écho, grâce à la reprise (souvent binaire) de multiples expressions. Dans le premier paragraphe, on pourrait penser que ces répétitions donnent au texte le rythme de la berceuse qu'il évoque justement : douce si douce ma mère je me dis L'auteur insiste particulièrement sur l'expression plus jamais tout d'abord inversée jamais plus qui donne lieu à des anaphores. L'émotion est telle que la phrase perd sa structure traditionnelle pour devenir nominale : Plus jamais, glas des endeuillés La poésie de l'ensemble est renforcée par des rimes blanches posés endeuillés aimés Ce procédé de répétition se reproduit tout au long du texte, souvent en début ou fin de phrase : cruauté elle avait téléphoné cette scène sa faute une faute Oh ses pouvoir ses fautes de français et son accent étranger sainte frères tout les jours On peut aussi constater que le texte pourrait comporter de nombreuses exclamations : plusieurs phrases ont une structure exclamative, sans toutefois comporter le point d'exclamation qu'on attendait logiquement à la fin : Oh ses pleurs Oh ses petites mains Ce procédé tend à renforcer l'exaltation lyrique de l'extrait. [...]
[...] Albert Cohen était diplomate, et sa mère lui a fait honte. La répétition du mot humble et humilité insiste sur sa simplicité, tout comme la répétition de son accent étranger et ses fautes de français ».Il l'oppose au niveau social de ses hôtes du moment, qu'il dévalorise à travers l'oxymore crétins cultivés C'est aussi l'aspect excessif, possessif de l'amour maternel qui l'avait fait réagir. Après sa mort, Albert Cohen tend à idéaliser sa mère, puisqu'il la canonise a posteriori, en l'appelant ma sainte une maladroite sainte, une vraie sainte, qui ne savait pas qu'elle était une sainte Il renverse les valeurs qui la mettaient au bas de l'échelle sociale par rapport à ses amis de l'époque qui ne valaient certes pas Ses aspects excessifs sont revalorisés et expliqués : »elle avait le cœur riche, l'émoi rapide La relation d'Albert Cohen avec sa mère bouleverse les codes de l'amour filial. [...]
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