Commentaire composé du poème L'Albatros de Charles Baudelaire, issu de la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal.
[...] Elle est également soulignée par l'allitération en v et l'assonance en tout au long du poème souvent, vastes, voyage souvent, indolent Nous pouvons remarquer dans le premier quatrain qui met la situation en place, un rythme en adéquation avec le vol plané de l'oiseau : le premier vers que l'on peut couper en 2-6-4 pourrait traduire une ascension, puis le deuxième en 6-6 un moment d'horizontalité, le troisième en 3-9 une autre montée et enfin le quatrième un nouveau palier d'équilibre. Cette dislocation de l'alexandrin traduit les innovations baudelairiennes notamment en matière de musicalité. Nous avons abordé la description de deux mondes opposés, voyons maintenant les conditions de leur rencontre. II. A. [...]
[...] Une métaphore filée tout au long du dernier quatrain nous fait entrer dans l'abstraction, nous incitant à aller plus loin que l'image pour comprendre la souffrance du poète. La majuscule de Poète idéalise la fonction du poète et donne aussi une impression de généralisation, comme si la situation ne concernait pas seulement Baudelaire, mais tous les poètes, promus au même sort. On peut assimiler le dernier quatrain à une sorte de morale, qui met en lumière le reste du poème. [...]
[...] L'albatros est livré à la cruauté des hommes qui le maltraitent pour passer le temps, s'acharnant sur lui, acharnement rendu par la structure parallèle des vers 10 et 11 l'un agace son bec l'autre mime en boitant L'oiseau contraint d'évoluer dans un univers qu'il ne connaît pas est de surcroit accueilli hostilement et sujet à des moqueries exprimées par l'adverbe piteusement v 7 ou encore comme il est gauche et veule» qu'il est comique et laid» v9 et 10. Les hommes semblent prendre un malin plaisir à détruire la magnificence de l'oiseau, en en faisant un animal chétif et vulnérable. [...]
[...] On trouve au quatrain 4 une analogie de l'oiseau avec le poète, à qui on attribue des ailes de géant il est animalisé comme l'albatros a été personnifié auparavant. Ces ailes désignent sans doute métaphoriquement la poésie qui fait du poète la spécificité et le projette en dehors du monde du commun des mortels. Il perd sa liberté, son aisance dont il jouit lorsqu'il hante la tempête le substantif tempête exprime une métonymie, remplaçant par une condition climatique un lieu, ce qui contribue à nous faire entrer dans l'abstraction, le symbolique. [...]
[...] Le poète nous livre deux visions radicalement opposées de l'albatros, décrit jusqu'alors comme étant« roi de l'azur beau »v.10, il devient maladroit et honteux, ses grandes ailes blanches il les «laisse trainer piteusement et elles sont comparées à des avirons, passant du naturel des ailes, symbole de liberté, à l'artificiel, l'aviron représentant le contraire de l'indépendance étant donné qu'il est dirigé par l'homme. L'oiseau dominait les airs mais est totalement inadapté à la vie terrestre. Ses ailes, constituant sa supériorité dans les cieux devient son handicap au sol. L'adverbe polysyllabique piteusement de par sa longueur accentue la lourdeur, la difficulté de se déplacer au sol alors qu'il était si aisé de se mouvoir gracieusement dans le ciel. [...]
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