Aimé Césaire (1913-2008), écrivain et poète martiniquais, est l'inventeur du néologisme négritude, concept qui défend la culture et l'identité des peuples à la peau noire, victimes depuis des siècles de l'esclavagisme et de l'oppression coloniale, afin de favoriser leur émancipation. Dans le Discours sur le colonialisme (1950), il dénonce la barbarie de la civilisation occidentale qui soumet à la haine raciste les peuples colonisés par des actions méprisantes, violentes voire criminelles (...)
[...] L'emploi récurrent de la première personne produit un effet propre au discours polémique. En cherchant à frapper les esprits, il fait de son discours un pamphlet apte à provoquer des réactions chez les lecteurs. D'autre part, son attitude est contraire à celle de ses opposants. Il déclare entendre la tempête, ce qui signifie qu'il n'est pas sourd aux voix qui s'élèvent contre lui mais qu'il ne les écoute pas car il voit ce qu'il a pris la peine de regarder, d'observer au préalable 2). [...]
[...] Les colons font des avantages matériels la pierre angulaire de tout leur système. Seuls comptent les faits les statistiques et les kilométrages de route 22) qui renvoient à la force écrasante de la rationalisation productive. Une relation de domination : Le lien entre ces deux peuples se résume à une relation d'écrasement par des moyens légaux police impôt 10) ; illégaux vol viol (l10) ou des défauts odieux propres à asservir et avilir tels le mépris ou la suffisance 11). [...]
[...] Le désastre est total : la perte des religions 20) reprises à la ligne 26 par dieux des terres 20) reprises par terre 26) ou encore des cultures 19) reprises par les habitudes 27) est répétée à dessein pour créer un pesant effet de martèlement. Le massacre est amplifié par le passage de milliers de victimes de la ligne 24 à des millions deux lignes ensuite. De même, le texte se termine sur un bilan éloquent : les colonisés se voient dépouillés de leur vie puis de la vie tout court. [...]
[...] Conclusion : Dans ce passage, Aimé Césaire dénonce à travers un discours engagé la barbarie du système colonialiste qui soutient une économie capitaliste en sacrifiant des peuples et des civilisations. A la manière de Montesquieu qui, sous couvert d'un plaidoyer esclavagiste écrivait dans de l'Esclavage des Nègres (1748) un réquisitoire contre l'esclavagisme, l'auteur reprend les arguments traditionnels de la colonisation pour les contredire et en faire ressortir toute l'horreur. Ce discours reste hélas toujours d'actualité dans un monde qui comptait 27 millions d'esclaves en 2008 d'après l'ONU, Organisation des Nations Unies. [...]
[...] Transition : Cette présentation manichéenne des protagonistes du système colonial occidental trouve sa force dans le discours engagé de l'auteur. II Un discours enflammé : Un système d'énonciation engagé : En tout premier lieu, Aimé Césaire tient à faire participer le lecteur ou l'auditeur à son propos. C'est pourquoi il utilise l'impératif parlons des colonisés comme une invite à débattre avec lui de la situation dans les colonies françaises. Ses détracteurs représentés par le pronom impersonnel on 17 et 22) ressemblent ainsi à un groupe diffus et large à la fois. [...]
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