Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, publié en 1731 et constituant le septième tome des Mémoires d'un homme de qualité, est un roman qui s'est attiré à la fois le succès et le scandale. Le chevalier Des Grieux et l'homme de qualité se sont rencontrés à Passy, où Des Grieux avait suivi Manon qui allait être déportée en Amérique. L'extrait constitue le début du récit que fait le chevalier Des Grieux à l'homme de qualité, deux ans plus tard, à Calais. Des Grieux raconte sa vie à son interlocuteur, s'épanche sur ses malheurs : à l'âge de dix-sept ans, il a rencontré une jeune fille, Manon, et en est tombé amoureux (...)
[...] L'amour est présenté comme fulgurant mais néfaste, laissant le héros empreint d'ironie et d'amertume. Cela renvoie clairement à la psychologie contradictoire de l'Abbé Prévost, qui était tiraillé entre son caractère passionné et sa vocation religieuse. L'originalité de cette scène de rencontre réside dans le fait qu'il s'agit d'un récit rétrospectif, et que donc le narrateur réinterprète tout à la lumière de ce qu'il a vécu ensuite, laissant Manon insaisissable. Ce texte s'insère bien dans le dix-huitième siècle, avec la primauté du coeur et l'idée de l'homme nouveau. [...]
[...] Leur amour est mouvementé et malheureux à cause du caractère de Manon, qui est immorale et cause son malheur. Le chevalier Des Grieux ayant été poussé au vol et au meurtre, les deux amants fuient en Amérique où Manon meurt. Cet extrait est le récit de leur première rencontre, alors que le chevalier Des Grieux vient de terminer ses études, le récit d'un coup de foudre traduisant une grande intensité de sentiments. En quoi ce récit donne-t-il à voir une scène de rencontre originale marquée par l'ambiguïté ? [...]
[...] Il emploie également l'ironie: de l'humour vis-à-vis de lui-même ("mon éloquence scolastique") et l'humour un peu amer du héros qui revoit les événements avec plus de lucidité et Manon comme moins innocente qu'elle n'en avait l'air ("ingénuement", "savait qu'on est point trompeur à mon âge"). La primauté du coeur: un homme nouveau Les sentiments sont hautement mis en valeur dans ce texte contemporain de La Nouvelle Héloise de Rousseau: les termes "enflammé", "éclairé", "coeur", "sentiments" sont assortis d'adjectifs et d'adverbes hyperboliques. Le héros entre dans un monde nouveau, de tendresse, de passion et d'honneur: l'aristocratie du coeur. [...]
[...] Le héros souligne cet accord en employant l'expression "elle et moi" qui les lie l'un l'autre. Un envoûtement révélé par l'abolition de l'espace et du temps Alors que le récit avait commencé dans un ancrage spatio-temporel précis (la cour de l'hôtellerie d'Amiens, la veille du départ du jeune homme, son ami Tiberge: "La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent"), tout s'efface lors de l'apparition de Manon; tout disparait, y compris Tiberge. [...]
[...] "elle me dit ( . ) qu'elle ( . mais que c'était ( . ) puisqu'il ne lui laissait ( . "la douceur de ses regards, un air charmant de tristesse ( . ou plutôt, l'ascendant de ma destinée ( . ) ne me permirent pas de balancer un moment sur ma réponse", "je l'assurai que, si elle ( . ) sur ( . [...]
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