A rebours paraît en 1884, dans une période où le naturalisme et le réalisme sont à leur apogée, notamment grâce à Zola, mais Huysmans ne s'inscrit pas dans cette lignée. Il prend le contre-pied des mouvements littéraires précédents mais s'inspire toutefois largement de l'esthétique baudelairienne.
Huysmans romancier a voulu étonner les lecteurs de son temps en les prenant à contre-pied dans toutes sortes de domaines : le sujet traité, les thèses exposées, les inventaires proposés, une manière d'écrire et de dire, faisant de son oeuvre un roman résolument incongru (...)
[...] XII), contemporaine (chap. XIV), ou encore sur la musique (chap. XV). Relevant, selon les cas, du tableau historique, du commentaire de spécialiste, de l'éloge ou de la diatribe, ils ouvrent le roman sur d'autres genres et empêchent la construction d'une histoire. Ils occupent la place la plus importante en nombre de pages, contrairement au chapitres relatant des aventures (Notice, chap. II et IV). L'histoire commence véritablement au chap. [...]
[...] Des Esseintes se replie sur lui-même, se place loin de tout contact social et se construit un cadre de vie mortifère, son dégoût des choses naturelles devient chaque jour de plus en plus grand. Ainsi, la description de cet état mélancolique en progression apparaît comme très différente de l'exaltation de René. Dans A rebours, à la maladie s'ajoute le défi que le personnage lance à la nature, à la société et à Dieu. Le degré ultime de névrose de des Esseintes apparaît aussi comme une jouissance, le personnage semble se complaire dans cet état morbide, il cherche à traduire cette horreur, cette putréfaction qui atteint le langage même. [...]
[...] La morbidité est alors un idéal esthétique à atteindre, et la démarche de des Esseintes se rapproche de celle de Baudelaire dans le Spleen de Paris qui prône l'exaltation morbide. Huysmans emprunte beaucoup à Baudelaire, il réutilise notamment sa conception mélancolique dans laquelle la vie n'est qu'une maladie qu'il faut cultiver. Huysmans et la peinture : - Baudelaire et Delacroix : Baudelaire, comme Huysmans, était critique d'art et dans ses Salons de 1846 il compare deux maîtres de la peinture : Ingres et Delacroix, les deux élèves de David. Ingres a alors un style très académique et très apprécié, alors que Delacroix est décrié par le public. [...]
[...] L'inspiration baudelairienne : D'un point de vue littéraire, des Esseintes est très attiré par Baudelaire, surtout par sa poésie en prose du Spleen de Paris, artiste qui arrive à s'échapper des contingences du monde moderne ; de même, c'est à travers la lecture des textes baudelairiens que des Esseintes parvient à s'extraire du monde, à s'évader. Huysmans lui-même emprunte beaucoup à Baudelaire, cependant c'est dans les romans qu'il s'illustre, dans des œuvres informelles, symbolistes et en rupture avec le naturalisme. Dans le chap. II des Esseintes a décoré sa salle à manger comme une cabine de navire. [...]
[...] Des Esseintes dénature tout ce qui est naturel et s'entoure d'objets complètement transformés par l'artifice. Il transforme une tortue en un étrange et gigantesque bijou Grâce à l'artifice, la tortue prend les caractéristiques du soleil, elle rayonne de manière fulgurante. Elle est torturée, incrustée de pierres précieuses longuement choisies, le but étant de produire une harmonie fascinatrice et déconcertante Cet objet artificiel est privé de son animalité, et donc voué à la mort, comme à chaque fois que le personnage tente de dénaturer et de pervertir un objet ou un être. [...]
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